En Chine, Huawei attaque en justice Google pour pratiques anticoncurrentielles

Google est accusé par Pékin de pratiques anticoncurrentielles avec Android, son OS Mobile. Une réplique à l'affaire TikTok ou à celle de l'éviction de Huawei sur le marché de la 5G aux Etats-Unis?

Réponse du berger à la bergère. Après les mesures prises par les Etats-Unis contre Huawei, ZTE ou désormais TikTok, la Chine a décidé de répliquer en attaquant le géant mondial du web. Google y est visé par une enquête anti-concurrentielle, selon une information de Reuters.

La plainte vise, non pas le moteur de recherche, mais Android, l'OS mobile utilisé dans le monde par environ 80% des smartphones. Pour Huawei cette puissance limite de fait la concurrence des sociétés chinoises. Les fabricants de smartphones ne peuvent se passer d'Android ni lancer leur propre OS sans risquer de perdre leur audience mondiale.

Il y a un an, Huawei a saisi le régulateur du marché chinois qui a demandé au Conseil d'Etat d'ouvrir une enquête. Selon Reuters, une enquête officielle pourrait être lancée dans les semaines qui viennent.

Pour la Chine, il s'agit de répliquer aux pressions de Washington sur les entreprises chinoises aux Etats-Unis en menaçant Google de le priver du marché chinois. Il pourrait aussi s'agir d'amorcer le lancement mondial d'Harmony, l'OS développé en 2012 mais dévoilé en 2019 quand Donald Trump a menacé de suspendre les relations technologiques avec les entreprises chinoises jugées "à risque".

Le 25 septembre, Huawei a annoncé son intention d'introduire Harmony sur les smartphones dès l'an prochain. Lors d'une conférence de développeurs, Wang Chenglu, président du département des logiciels de Huawei a précisé que l'OS prendrait bien sûr en charge les appareils de sa marque mais aussi "ceux d'autres fournisseurs".

Huawei peut-il se passer d'Android?

En sanctionnant Google, la Chine compte ouvrir un boulevard à Harmony en lançant une alternative à Android qui permettrait aux fabricants chinois de ne plus dépendre d'une entreprise américaine.

Huawei pourrait-il vraiment se passer d'Android? Rien n'est moins sûr. S'il peut le concurrencer en Chine, il risque de se priver des clients dans le reste du monde, en Europe, mais aussi aux Etats-Unis qui voudront continuer à utiliser leurs applis.

D'ailleurs, Huawei n'est pas le seul à tenter cette aventure. Ni Microsoft avec Windows Phone, ni Samsung avec Bada, n'ont jamais pu ébranler Google , malgré leur puissance mondiale et leur base installée, les deux géants ont dû renoncer.

Néanmoins, l'affaire pourrait coûter chère à la filiale d'Alphabet. En 2018, l'Union européenne avait infligé à Google une amende de 4,3 milliards d'euros pour des pratiques anticoncurrentielles, dont la préinstallation des applications Google sur les appareils Android. Pour le moment, ni Google, ni Huawei n'ont désiré commenter la procédure qui sera lancée en Chine.

https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco