BFM Business
Vie de bureau

Référendum chez EY: les salariés votent pour la fin du temps de travail illimité

placeholder video
Lors d'un "référendum" consultatif organisé par les syndicats, les salariés de la branche audit d'EY ont majoritairement voté pour rétablir une limite de 48 heures de travail maximum par semaine. La participation a atteint 40%.

C'est un fait rare en entreprise. La semaine dernière, les salariés de la branche audit d'EY ont voté massivement pour rétablir la limite de 48 heures de travail maximum par semaine, supprimée par un accord signé en 2021.

Ce "référendum" organisé par les syndicats (CFDT, CGT, CFTC et FO) n'a qu'une valeur consultative. La direction, qui n'a donc aucune obligation juridique, n'a pas prévu de suivre cet avis. Elle propose plutôt de "mettre en place des mesures d’équilibre complémentaires".

Dans le détail, la participation s'est élevée à 40% (près de 1.200 personnes ont pris part au scrutin sur les près de 3.000 salariés concernés). Et parmi les votants, 96% ont voté pour rétablir la limite hebdomadaire de temps de travail à 48 heures.

Les syndicats organisateurs, qui s'étaient fixé 25% de participation comme seuil de réussite, se sont réjoui de la mobilisation des salariés. Ces derniers étaient invités à voter du 14 au 21 avril sur une plateforme grâce à un code envoyé par message privé sur Linkedin.

"Explosion des arrêts maladie"

Selon les syndicats, en période forte activité, les semaines de travail peuvent aller jusqu'à "50, 60 ou même 70 heures". Et ce, en toute légalité.

Depuis un accord signé en 2021, la limite de 48 heures de travail hebdomadaire a sauté pour les salariés au forfait jour de la branche audit, soit environ la moitié de la masse salariale. Les accords d’entreprises peuvent en effet déroger aux conventions collectives dans certains domaines depuis les ordonnances Macron (2017), même en cas de conditions moins favorables.

"Cet accord n’a fait qu’accentuer l’explosion des arrêts maladie et l’épidémie de burn-out", ont dénoncé les syndicats.

L'accord de 2021 avait été signé par la direction et par la CFE-CGC, syndicat majoritaire à l'époque. Sauf que pour annuler cet accord, la signature de l'une de ces parties est nécessaire. "À la CFE-CGC (organisation syndicale minoritaire), nous demandons de nous rejoindre dans l’application de la volonté des salariés", ont exhorté les syndicats organisateurs du référendum dans un communiqué.

"Recruter ou réorganiser le travail"

Ils ont également appelé la direction à "faire un pas vers les organisations syndicales majoritaires" et à "écouter les salariés" pour "éviter d’aggraver le fossé qui s’est creusé entre les salariés et la direction". Les syndicats demandent donc à la direction de rouvrir les négociations.

"Il n'est pas possible de diriger durablement contre ses propres équipes sans causer des dommages aux salariés, à la marque et à la qualité de la production."

Interrogée par BFM Business, l'entreprise tient à rappeler que des "mesures d'équilibre" ont été mise en place en compensation de l'accord de 2021. Parmi elles: la possibilité de placer jusqu’à 6 jours par an sur un compte épargne temps (CET) et l'octroi de jours de repos additionnels en cas de charge particulièrement intense.

La direction garantit également "une grande flexibilité en termes de télétravail permettant d’accompagner au mieux nos collaborateurs dans la gestion de leur équilibre de vie".

"Des propositions ont d’ailleurs déjà été faites aux organisations syndicales pour renforcer les dispositifs existants en matière de pilotage de la charge de travail, et pour mettre en place des mesures d’équilibre complémentaires", ajoute l'entreprise, qui n'évoque pour le moment pas l'idée de revenir aux 48 heures hebdomadaires.

Pourtant, selon le délégué CGT Marc Verret, cela ne poserait pas de problème fondamental pour EY. "Cela obligerait éventuellement à recruter ou à réorganiser le travail pour éviter les semaines de rush, estime-t-il. Mais ça ne mettrait pas en péril les opérations."

Marine Cardot