Quelle idée cadeau pour un "Secret Santa" au bureau? 4 conseils pour éviter les faux-pas

Panique à bord. À l'approche des fêtes de fin d'année, vos collègues ont eu l'idée d'organiser un pot de Noël ainsi qu'un "Secret Santa" - un échange de cadeaux entre collègues. Comment éviter les maladresses, les faux pas voire les comportements discriminants? Des experts vous aident à y voir plus clair.

Au milieu des open-space, la bûche est prête à être servie et le sapin de Noël est déjà planté. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, l'heure du "Secret Santa" a déjà sonné dans certaines entreprises françaises. L'idée est simple: offrir un cadeau à l'un de vos collègues tiré au sort, avec un budget limité.

Voisin de bureau réfractaire, supérieur hiérarchique, collègue que l'on ne connaît pas ou pire qu'on apprécie pas... La tâche peut vite s'avérer délicate. Des spécialistes des relations au bureau ont livré à BFMTV.com quelques conseils pour éviter les faux pas.

1. Respecter le budget

Cela peut paraître évident, et pourtant. La première règle à respecter lors d'un "Secret Santa" est de rester dans la fourchette de prix fixés par les organisateurs, afin que chacun se retrouve avec un cadeau d'une valeur plus ou moins équivalente. L'idée n'est pas qu'un collègue se sente lésé en recevant un cadeau dérisoire par rapport aux autres. Rien de tel pour se créer une réputation de pingre dans l'open space.

Si vous trouvez le budget imposé trop élevé ou que vous n'avez pas forcément envie de dépenser une telle somme dans un événement professionnel, il peut être préférable de décliner poliment l'invitation à participer.

À l'inverse, il n'est pas non plus nécessaire de casser sa tirelire pour l'occasion. Cela peut partir d'une bonne intention, mais offrir un cadeau hors de prix ou bien au-dessus du budget peut se révéler embarrassant pour la personne à qui vous l'offrez.

"Au travail, tout est constamment matière à interprétation", relève Karine Trioullier, coach spécialiste dans l'élaboration de plans de carrière, aussi connue sous le nom de Career Kueen, suivie par plus de 650.000 personnes sur Tiktok.

"Vous ne savez pas comment un cadeau insignifiant ou au contraire trop important peuvent être interprétés", prévient-elle. "Ça peut être une source infinie d'histoires et de non-dits."

2. Ne pas s'aventurer dans des cadeaux trop personnels

La difficulté du "Secret Santa", "c'est qu'il est à mi-chemin entre la relation personnelle et la relation professionnelle", souligne Karine Triouillier, pour qui cet événement "manque cruellement de cadre".

Dans le cas où vous ne connaîtriez pas bien la personne à qui vous devez offrir un cadeau, il peut être judicieux de se renseigner un minimum sur ses goûts et/ou activités favorites. L'idée est de viser juste et d'offrir un cadeau un minimum aligné avec les valeurs du collègue en question.

Cependant, il faut savoir raison garder et ne pas s'aventurer dans des cadeaux trop intrusifs, liés à la vie privée de votre collègue. Prudence, donc, sur tout ce qui touche à la vie conjugale ou familiale.

Pour s'en sortir magistralement, il suffit de faire preuvre d'un peu de bon sens. Un clin d'œil à une discussion ou une anecdote de bureau peuvent être des stratégies intelligentes, à en croire Karine Triouillier.

"Ça permet de se raccrocher à un souvenir commun sans prendre trop de risque", conclut-elle.

Une telle attention "créé de la complicité", "renforce le lien entre les deux collaborateurs". "Et c'est l'occasion de montrer que vous êtes attentifs à ce que les autres vous disent."

3. Ne pas chercher à faire passer un message par l'humour

Lors du pot de fin d'année, il peut être tentant de vouloir détendre l'atmosphère en faisant un trait d'humour avec un cadeau humoristique. Mais dans de telles circonstance, l'exercice est plus que périlleux.

"D'abord l'humour est quelque chose de très subjectif, rappelle Adeline Perez, spécialiste de l'univers professionnel, qui tient le compte Tiktok Un amour de chef. "Deuxièmement, tout le monde n'a pas le même degré de susceptibilité. Bref, tous les ingrédients sont réunis pour que ça dérape."

"Si j'avais un conseil à donner, ce serait de ne pas essayer d'être drôle", abonde Marion Ledean, juriste et responsable des ressources humaines chez DHM.

Les spécialistes des ressources humaines mettent en garde les salariés blagueurs. "Ce n'est sûrement pas le bon moment pour faire passer un message, même subtilement", insiste la juriste. "Si vous voulez en découdre avec un collègue, oubliez!"

"Offrir le livre Le management pour les nuls à son chef, c'est non, même si vous vous entendez bien. On n'offre pas non plus à un collègue syndiqué un livre sur le communisme."

Rien de tel pour mettre un collègue mal à l'aise un collègue, voire l'humilier publiquement si tous les regards sont tournés vers lui pendant l'ouverture de cadeaux.

4. Écarter tout cadeau pouvant être discriminant

On peut avoir tendance à l'oublier mais ce moment de convivialité, aussi léger soit-il, s'inscrit dans un contexte professionnel. Évidemment, tout cadeau pouvant être interprété de manière discriminante est ainsi à proscrire: il est judicieux donc d'éviter les cadeaux mettant en avant le genre, l'origine, la religion ou l'orientation sexuelle ou même l'âge d'une personne.

Un cadeau malveillant peut aussi vous attirer des ennuis auprès des ressources humaines.

Le "Secret Santa" peut être l'occasion de graves dérives et de comportements "extrêmement lourds", souligne Adeline Perez, qui pointe les risques de harcèlement moral ou sexuel au travail.

Une secrétaire médicale de l'Essonne expliquait par exemple à BFMTV.com avoir reçu une peluche en forme de sexe masculin de la part de son chef, médecin psychiatre, il y a deux ans. Dans le même temps, un employé de la SNCF avait cru bon offrir un kit de ménage à une collègue qui avait l'habitude de s'illustrer par ses idées féministes.

Des comportements qui tombent sous le coup de la loi: le harcèlement moral ou sexuel est un délit passible de deux ans de prison et 30.000 euros d'amende. Et même 3 ans de prison et 45.000 euros d'amende pour le harcèlement sexuel en cas d'abus d'autorité, de la part d'un supérieur hiérarchique par exemple.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV