Après des mois de télétravail, les salariés redoutent le retour au bureau

Un open space (Photo d'illustration) - Flickr - CC Commons - Jean-Etienne Minh
Alors que s'amorce le déconfinement, le mal-être des salariés confrontés à la crise sanitaire ne s'améliore pas encore. Près d'un salarié sur deux (44%) se dit en détresse psychologique, selon un baromètre Opinion Way réalisé pour le cabinet Empreinte Humaine: c'est à peine 1 point de moins qu'en mars dernier, lors de la précédente édition du même baromètre. D'autant que le "burn-out" explose dans les entreprises françaises: 2 millions de salariés présentent un risque de burn-out selon l'étude, un chiffre qui a doublé en une année de crise sanitaire.
Pour Christophe Nguyen, président d'Empreinte Humaine, cette forte hausse n'est pas étonnante. "Il y a le facteur 'durée' de cette crise, cette chronicité, qui fait apparaître au fur et à mesure du temps de nouveaux troubles, et le burn-out en est un", caractérisé par "un épuisement émotionnel important" et "un sentiment de déshumanisation", explique-t-il. Un mal-être psychique qui conduit à une dégradation de la santé physique: quatre salariés sur dix ont déclaré souffrir de problèmes de sommeil et presque autant (37%) de douleurs musculosquelettiques.
Les télétravailleurs sont les plus concernés par ce mal-être: 46% des salariés en télétravail sont en détresse psychologique, contre 40% des salariés uniquement dans les locaux. Mais "les télétravailleurs font la part des choses et sont quasiment 80% à vouloir continuer de télétravailler entre un et trois jours [par semaine] après la crise", souligne Christophe Nguyen. Ce sont les managers qui se montrent les plus insatisfaits du télétravail, qui les contraint à gérer leurs équipes à distance et sont "assez inquiets" en raison de "la baisse du sentiment collectif" ou du décrochement de certains salariés.
Retrouvailles avec les collègues
Le retour dans les locaux ne sera pas forcément évidemment. "Les salariés sont conscients que pour la cohésion d'équipe il faut revenir au bureau, mais ce retour au bureau ne pourra pas se faire comme avant. La moitié des salariés disent qu'ils ne veulent pas que ça se passe de la même façon. Ils vont attendre un climat de travail beaucoup plus sain qu'avant (…) parce qu'ils ont éprouvé une période qui les a marqués (…) et ils savent maintenant beaucoup plus ce qu'ils peuvent attendre en matière de qualité des relations humaines, de management", précise-t-il.
L'appréhension des salariés est nette: un salarié sur trois redoute les retrouvailles avec ses collègues après l'éloignement physique des derniers mois, et quatre salariés sur dix craignent de ne pas pouvoir être capables de faire les mêmes amplitudes horaires. Par ailleurs, trois salariés sur dix disent avoir peur de "drames humains" avec le retour dans les bureaux.
Ce qui change à partir du 9 juin
Un assouplissement du télétravail sera autorisé pour les entreprises à partir du 9 juin. Si le télétravail continuera d'être recommandé par le ministère du Travail, chaque entreprise devra définir à ce moment-là l'augmentation du nombre de jours de travail hebdomadaire en présentiel.
"L'employeur pourra très bien décider du nombre de jours de télétravail sans accord social, c'est mieux s'il y a un accord mais il n'y a pas d'obligation juridique", indique Benoit Serre, vice-président de l'Association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH).