Les "dames pipi" parisiennes sans employeur fixées jeudi sur leur sort

Six "dames pipi" sans employeur seront fixées sur le sort ce jeudi. - AFP
Elles n'ont pas le profil du "service de luxe" que 2theloo veut offrir dans ses sanisettes: six salariées mises sur la touche, après souvent plus de 20 ans de nettoyage des lieux d'aisance de monuments parisiens, ont saisi le Conseil des Prud'hommes, qui rendra jeudi sa décision.
Sans salaire ni employeur depuis un mois
La filiale du groupe néerlandais 2theloo a repris au 1er juillet plusieurs toilettes de hauts lieux touristiques parisiens (Sacré-Coeur, Notre-Dame, Place de l'Etoile...). Mais elle ne veut pas garder les salariées de l'ancien prestataire, onze femmes, ayant souvent dépassé la soixantaine et comptant de 12 à 32 ans d'ancienneté.
Sans salaire ni employeur, elles manifestent depuis un mois et demi tous les jours devant les toilettes fermées de la butte Montmartre. Neuf ont saisi en référé (procédure d'urgence) le conseil des Prud'hommes de Paris, qui a examiné mercredi six dossiers défendus par Force Ouvrière. Les trois autres demandes ont été renvoyées au 28 septembre à la demande du syndicat CFDT.
Propreté ou conciergerie de luxe?
La représentante FO des salariées a demandé mercredi au tribunal de faire appliquer l'article 7 de la convention collective de la propreté, qui prévoit la reprise automatique des personnels. Mais pour l'avocat du groupe néerlandais, sa filiale "ne relève pas de la propreté". Son activité principale est "l'exploitation commerciale de site" pour offrir "un service inspiré des conciergeries de luxe", c'est "totalement différent", a fait valoir Paul Coeffard, en rappelant que le groupe prévoit 800.000 euros d'investissements pour rénover les lieux et les transformer en boutiques-toilettes.
A écouter mercredi l'avocat de 2theloo, une "visite" dans les toilettes déjà gérées par le groupe au musée du Louvre s'impose: "nous accompagnons les personnes jusque dans les toilettes", "parlons plusieurs langues", vendons des "toilettes japonaises et brosses de toilettes à 1.000 euros", a expliqué Paul Coeffard, déclenchant les rires de la salle d'audience. Sur son site internet, la société promet d'offrir aux usagers une "expérience unique, meilleure qu'à la maison".
L'avocat de Stem propreté, l'ancien employeur, qui n'avait pas candidaté au nouvel appel d'offres passé par la Ville de Paris, a vigoureusement appuyé ses ex-salariées. "En France, on ne choisit pas sa convention collective", a-t-il sèchement rappelé, avant d'exposer le fruit de ses recherches: "ils ne font pas de propreté mais recrutent 15 'agents de propreté'" et "95% de leur chiffre d'affaire provient du nettoyage". Pour Me Benjamin Duffour, la décision attendue jeudi "aura un impact sur toute la branche de la propreté".