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Le nombre de demandeurs d'emploi augmente de 0,2% au 2e trimestre

Photo du site de France Travail (photo d'illustration).

Photo du site de France Travail (photo d'illustration). - HJBC / Shutterstock

En neutralisant les effets des dernières réformes, le nombre de demandeurs de catégorie A a augmenté de 0,2% entre avril et juin.

Une baisse en trompe l'oeil. Selon la Dares, le nombre de personnes inscrites en catégorie A (sans aucune activité) à France Travail a reculé de 5,7% entre avril et juin en France (hors Mayotte) par rapport au trimestre précédent, à 3,2 millions.

Mais ces résultats sont affectés par trois effets - la loi plein emploi, des changements de règles d'actualisation et de nouvelles règles en matière de sanction - qui, une fois neutralisés, aboutissent à une hausse de 0,2% reflétant mieux "la situation conjoncturelle du marché du travail", selon la Dares.

Déjà au premier trimestre, les chiffres de France Travail avait été "fortement affectés" par la réforme du RSA et l'évolution des règles d'actualisation depuis janvier, soulignait l'organisme.

Nouvelles règles

Ces règles chamboulent les chiffres des inscrits à France Travail depuis le début de l'année, notamment en raison de l'inscription automatique sur les listes des bénéficiaires du RSA prévue par la loi plein emploi.

S'y ajoutent les changements de règles d'actualisation, un temps automatique pour certains nouveaux inscrits, et le décret instaurant un nouveau régime de sanctions en cas de manquements entré en vigueur en juin.

En neutralisant les effets pour l'ensemble des catégories A, B, C incluant l'activité réduite, le nombre de demandeurs d'emplois progresse de 0,9% au deuxième trimestre. Avec les différents effets, il baisse de 2,2% à 5,6 millions.

"Retour rapide"

Ces chiffres sont publiés alors qu'une nouvelle réforme de l'assurance chômage se profile avec, parmi les objectifs affichés, celui de "favoriser le retour rapide en emploi". Le gouvernement doit envoyer d'ici au début de la semaine prochaine aux partenaires sociaux la "lettre de cadrage" posant les bases de la négociation.

Le Premier ministre François Bayrou a souhaité le 15 juillet que syndicats et patronat engagent de telles négociations sur l'assurance chômage et sur le droit du travail (notamment la suppression de deux jours fériés). Pour l'assurance chômage, il s'agit, a expliqué la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, d'affiner "l'éligibilité" (les conditions d'ouverture de droits), "la durée maximale d'indemnisation" et les "conditions d'indemnisation des ruptures conventionnelles", objets de "beaucoup d'abus".

Le gouvernement avait justifié sa décision par la "dégradation" de la trajectoire financière de l'Unédic, qui gère le régime d'assurance chômage, un taux de chômage qui "reste stable" et la persistance d'emplois non pourvus. Mais cette nouvelle réforme intervient alors que les partenaires sociaux ont conclu un accord en novembre 2024, avec de nouvelles règles pour quatre ans, entrées en vigueur pour la plupart au 1er avril de cette année.

Les syndicats ont donc accueilli avec colère l'annonce de ce nouveau tour de vis, qualifié de "carnage total pour les demandeurs d'emploi" par la numéro un de la CFDT Marylise Léon. Elle a pointé un volume d'économies "qui n'a jamais été fait" avec "entre 3 et 4 milliards en année pleine" une fois tous les dispositifs entrés en vigueur.

Les organisations syndicales ont lancé collectivement une pétition pour dire "non au budget Bayrou", qui récoltait quelque 275.000 signatures mardi et une plateforme de "décodage" des mesures annoncées. Sur l'assurance chômage, cette plateforme dénonce une "nouvelle baisse drastique" des droits avec des mesures sous-tendues "par l'idée dogmatique que les personnes au chômage sont toutes des fainéantes et qu'elles doivent reprendre au plus vite n'importe quel emploi, même précaire". Reste donc à savoir si ces négociations aboutiront, ou même si elles auront lieu. Faute de quoi, le gouvernement reprendra la main et imposera ses règles.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco