La religion est rarement source de conflit en entreprise

65% des personnes interrogées constatent l'existence de faits religieux sur leur lieu de travail, comme le port du voile (image d'illustration). - Menahem Kahan - AFP
L'expression de l'appartenance religieuse se banalise sur le lieu de travail. Selon la sixième étude réalisée par l'Observatoire du fait religieux en entreprise (OFRE) et l'institut Randstad (1) que publie le quotidien La Croix,
les deux-tiers des personnes interrogées constatent l'existence de faits religieux sur leur lieu de travail: demandes d'absences pour des fêtes notamment, ports de signes comme le voile, prières pendant les pauses, stigmatisation, prosélytisme, refus de travailler avec une femme, etc. Ce niveau n'a pas bougé depuis 2016.
Une minorité d'entreprises concentrent les conflits
Dans plus de 90% des situations, l'affichage confessionnel ne gêne pas le bon fonctionnement de l'entreprise. Mais la part des cas conflictuels progresse légèrement (9,5% contre 7,5% en 2017) et une petite majorité (51%) des situations nécessite désormais une intervention managériale pour résoudre les problèmes ou trouver un compromis. En 2014, seul un quart des cas appelaient une telle intervention. Quand un manager intervient, 17,5% des cas restent problématiques, contre 6% en 2013.
"Ce qui est assez marqué, par rapport aux années précédentes, c'est l'existence de deux réalités: la plupart des entreprises arrivent de mieux en mieux à gérer le fait religieux, tandis qu'une minorité d'entreprises concentrent le plus de conflits et sont dans une situation inquiétante", explique à l'AFP le chercheur Lionel Honoré, directeur de l'OFRE.
Les questions, blocages ou conflits impliquent une "diversité" de religions même si l'islam "reste très majoritairement" concerné, selon cet universitaire, qui situe les cas notamment dans "les zones périurbaines des grandes métropoles" et des "secteurs à forte main d'oeuvre comme l'industrie, la grande distribution, le bâtiment, le transport".
La religion n'est toutefois un sujet régulièrement conflictuel qu'aux yeux de 5% des salariés, loin derrière les conditions de travail (35%) ou même les opinions politiques ou philosophiques (16%). 29% des managers considèrent cependant que le fait religieux rend leur rôle "plus délicat".
(1) L'enquête a été réalisée entre mars et juin 2018 auprès de 1.453 cadres et managers, 1.111 questionnaires ayant finalement été retenus. Les répondants sont catholiques (49,5%), protestants (2%), juifs (2%), musulmans (8,5%), bouddhistes (1%) - pratiquants ou non -, mais aussi athées (27%) ou agnostiques (10,5%).