ArcelorMittal s'explique devant les représentants des salariés

Lakshmi Mittal - -
C’est le premier rendez-vous entre direction et syndicats depuis le compromis entre le géant de l'acier et le gouvernement, que les salariés avaient découvert par un discours télévisé de Jean-Marc Ayrault le 30 novembre.
La direction d'ArcelorMittal doit s'expliquer jeudi devant les représentants des salariés et leur présenter les engagements pris auprès du gouvernement, notamment pour le site de Florange, en Lorraine. Le comité central d'entreprise extraordinaire est convoqué à 14H30 à Paris, et regroupe notamment Dunkerque et Mardyck (Nord), Florange (Moselle), Mouzon (Champagne-Ardennes) et Basse-Indre (Loire-Atlantique).
Les salariés avaient également appris par la presse le retrait par Mittal du projet expérimental Ulcos de captage/stockage de CO2 à Bruxelles, au lendemain d'une réunion de deux heures à Matignon de leurs représentants syndicaux.
>> ArcelorMittal retire le projet Ulcos à Florange
"Nous voulons des explications claires [...]. Nous allons questionner [la direction] en insistant sur le packaging à Basse-Indre, Florange et toute la zone Amal", a expliqué Jean-Marc Vécrin, délégué CFDT de Florange.
Des salariés "trahis" et "désabusés"
Les salariés de Basse-Indre, dont certains, "désabusés", "trahis", sont en grève depuis lundi, restent dans l'expectative, très méfiants à l'égard du projet de transfert des activités de laminage (amincissement des tôles) et décapage (suppression de la couche d'oxyde de surface) vers Florange.
>> À lire : Mittal : "Aucune menace n'est nécessaire pour que nous tenions nos promesses"
"On a eu ce qu'on voulait avec la commission de suivi [de l'accord, ndlr], mais sur le fond, si on nous vend encore de la fumée, il nous faut contrôler les réelles intentions", poursuit Jean-Marc Vécrin, soulignant "les différentes interprétations possibles" de l'accord passé entre Mittal et le gouvernement.
"Le vrai accord, avec les signatures, je ne l'ai pas encore vu. J'espère que la direction nous le donnera. Peut-être qu'on aura encore des surprises!", dit-il.
Projet Ulcos "new look"
Le groupe s'est voulu rassurant la semaine dernière, affirmant qu'il tiendrait ses engagements : un programme de 180 millions d'euros d'investissements, dont il devrait préciser le calendrier prévisionnel jeudi, et 13 millions d'euros consacrés à la recherche-développement pour une nouvelle version d'Ulcos.
Pour la CFE-CGC, "le projet ULCOS new look, qui pourrait voir le jour à l'horizon 2018, n'est pas explicité de manière assez claire".
Le plan social à l'ordre du jour
Le plan social prévu à Florange, où les 630 postes dédiés à la filière liquide et aux hauts fourneaux vont disparaître, sera aussi au menu, ArcelorMittal promettant un "dialogue social exemplaire".
Or, à la veille de ce comité d'entreprise, Edouard Martin, délégué CFDT de Florange, a fait état d'un document de la direction selon lequel le site mosellan est l'un "des plus rentables" du groupe ArcelorMittal dans le nord de l'Europe, si l'on compare les coûts de production de l'acier produit à Florange, Gand, Dunkerque, Liège et Brême. Le groupe a affirmé qu'il ne s'agissait pas d'"un document officiel", sans commenter son contenu.
>> Florange, un des sites "les plus rentables" selon un document interne
Jean-Marc Ayrault s'est porté "garant" des promesses d'ArcelorMittal et du fait qu'"aucun salarié ne sera licencié". Il a pour cela confié au sous-préfet de Thionville (Moselle) François Marzorati le comité de suivi des engagements, créé non pour "renégocier" l'accord mais pour veiller à sa bonne application.
La CGT et FO, qui dénoncent l'accord, boudent d'ores et déjà ses travaux, la CFDT et CFE-CGC s'inscrivent, eux, en partenaires.