Après la hausse de 34 euros le 1er mai, le Smic va-t-il augmenter à nouveau cette année?
Compte tenu de l’inflation, le Smic sera revalorisé le 1er mai et franchira la barre des 1300 euros net mensuels. Cette hausse, qui va bénéficier directement à un peu plus de deux millions de salariés, sera de 2,65% selon le ministère du Travail. Pour un temps plein, le Smic mensuel s'établira à 1645,58 euros brut. En net, il atteindra 1302,64 euros, soit une hausse de 34 euros. Le Smic horaire brut passera de 10,57 à 10,85 euros.
Il s’agit de la deuxième revalorisation du salaire minimum depuis le début de l’année, après celle automatique de janvier (+0,9%), et de la troisième en sept mois, le Smic ayant également fait l’objet d’une revalorisation en octobre 2021 (+2,2%).
D’autres hausses du salaire minimum sont-elles possibles d’ici la fin de l’année? Pour le savoir, revenons sur les différents cas de figure qui peuvent selon la loi conduire à une revalorisation du Smic. Celui-ci peut d’abord augmenter chaque 1er janvier au titre d’une revalorisation automatique qui tient compte de deux indicateurs: l’inflation (hors tabac) constatée pour les 20% de ménages aux plus faibles revenus ainsi que la moitié du gain de pouvoir d’achat du salaire horaire moyen des ouvriers et employés.
Revalorisation en cours d'année
Selon l’article L3231-5 du Code du Travail, une revalorisation automatique du Smic intervient également en cours d’année lorsque ce même indice des prix des 20% des ménages les plus modestes "atteint un niveau correspondant à une hausse d’au moins 2% par rapport à l’indice constaté lors de l’établissement du salaire minimum de croissance immédiatement antérieur". Or, depuis novembre 2021, lorsque la revalorisation de janvier a été décidée, l’inflation du premier quintile a progressé de 2,65%. D’où une hausse du Smic équivalente au 1er mai.
Eu égard à l’accélération de l’inflation ces derniers mois (4,5% en mars) et à la persistance de la flambée des prix de l’énergie et de la guerre en Ukraine, de nouvelles revalorisations du salaire minimum d’ici à la fin de l’année sont donc tout à fait possibles. D’autant que l’indice des prix pour les ménages modestes qui sert à calculer l’évolution du Smic augmente plus vite que l’indice global "compte tenu de la pondération de l’énergie et de l’alimentation dans sa composition", expliquait mi-mars Julien Pouget, chef du département de la conjoncture de l’Insee.
Sur ce point, la France fait figure d’exception: "Sur les 30 pays de l'OCDE ayant un salaire minimum, il n'y en a que trois qui prévoient une revalorisation automatique liée à l'inflation et un seul - la France - qui prévoit qu'elle puisse se répéter en cours d'année", souligne l'économiste Gilbert Cette, président du groupe d'expert sur le Smic qui doit être consulté par le gouvernement avant chaque hausse.
Macron et Le Pen contre un coup de pouce supplémentaire
Outre ces revalorisations automatiques, le gouvernement peut s'il le souhaite accorder un coup de pouce supplémentaire au Smic. Plusieurs syndicats réclament d’ailleurs une hausse beaucoup plus forte que celle prévue par l’augmentation automatique du 1er mai. C'est le cas de l’Unsa qui réclame une hausse de 10%. Mais Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont tous les deux opposés à un tel coup de pouce qui n’est plus intervenu depuis l’élection de François Hollande en 2012 et pénaliserait selon eux l’emploi des moins qualifiés.
Marine Le Pen veut encourager les entreprises à augmenter les salaires, en exonérant de cotisations celles qui augmentent de 10% leurs salariés gagnant l'équivalent de moins de trois Smic. De son côté, Emmanuel Macron veut tripler le plafond de la prime sans charges sociales ni fiscales que peuvent verser les entreprises à leurs salariés.
Autre conséquence de cette hausse du Smic, beaucoup de branches vont se retrouver avec des minima salariaux -définis par leurs conventions collectives- à nouveau dépassés par le Smic. Sur les 171 branches couvrant plus de 5000 salariés, 67 affichaient fin mars, avant même cette revalorisation, une grille comportant au moins un coefficient inférieur au Smic, selon le ministère du Travail.
La CFDT réclame que ces branches rattrapées par la hausse du Smic soient contraintes d'ouvrir des négociations dans un délai de trois mois pour pouvoir continuer à bénéficier des exonérations de cotisations sociales pour les salaires inférieurs à 1,6 Smic. La CGT propose, elle, que chaque hausse du Smic donne lieu à une revalorisation automatique des minima de branche, afin d'éviter un "écrasement" des salaires du bas de la grille.