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 30.000 emplois ont été sauvés en deux ans par les repreneurs d'entreprises en faillite

Le nombre limité d’offres se traduit notamment par le manque d’offres de reprise émanant de l’étranger, ou même extra-régions, selon l'étude de KPMG.

Le nombre limité d’offres se traduit notamment par le manque d’offres de reprise émanant de l’étranger, ou même extra-régions, selon l'étude de KPMG. - François Lo Presti-AFP

Une étude inédite du cabinet KPMG montre que 76 % des emplois ont été préservés par les repreneurs d'entreprises en faillite à la barre du tribunal de commerce, soit près de 30.000 postes sauvés en 2017 et 2018. L'analyse, qui déplore le peu d'offres de reprise en général, a porté sur 95 % des plans de cession survenus entre 2017 et 2018.

Alors que des faillites retentissantes d'entreprises continuent de défrayer la chronique (Aigle Azur et XL Airways en 2019,...), une étude montre que les reprises d'emploi effectués à la barre du tribunal de commerce permettent de sauvegarder une majorité des emplois menacés. Les données récoltées portent sur près de 95 % des plans de cession français entre 2017 et 2018, sur les 483 qui ont eu lieu durant cette période.

Réalisée en 2019 par le cabinet KPMG, cette première étude d'envergure, menée sur 458 plans de cession d’entreprises en faillite entre 2017 et 2018, (de 20 salariés ou plus) fait apparaître que 76 % des emplois menacés ont été préservés par les repreneurs, soit près de 30.000 emplois sauvés sur la période.

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"Le critère social est retenu dans la majorité des décisions judiciaires: 73 % des offres retenues par les tribunaux étaient les plus favorables en matière sociale alors qu'elles étaient à 64% les plus favorables pour le prix de cession", explique Pascal Bonnet, responsable de l'activité Restructuring de KPMG. Pour les grandes entreprises de plus de 500 salariés déclarées en faillite, ce critère social pèse encore plus dans les critères de sélection du repreneur en raison du nombre d'emplois menacés: en effet, seules 40 % des offres les mieux-disantes en termes de prix de cession ont été retenues par le tribunal.

L'étude déplore cependant le peu d'offres de reprise d'entreprises en France. "Le nombre d’offres déposées s’élève à 1059 pour les 458 plans de cession analysés, soit environ 2,3 offres en moyenne par dossier. Les cas où il n’existe pas de concurrence sont majoritaires: seuls 34 % des dossiers font l’objet de plusieurs offres" s'étonne le cabinet KPMG (cf infographie ci-dessous).

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- © Source : KPMG

Le secteur d'activité des entreprises à reprendre explique en partie la rareté des candidatures à leur rachat. "Des savoir-faire spécifiques à forte valeur ajoutée bénéficient d’offres de reprise en plus grand nombre et de meilleure qualité. C’est le cas, par exemple, du secteur de l’architecture et de l’ingénierie où 2,9 offres sont déposées en moyenne par dossier contre 2,3 en moyenne tous secteurs confondus" souligne l'étude. A contrario, le secteur des travaux de constructions spécialisés n’a, par exemple, reçu qu’1,5 offre en moyenne par dossier sur la période analysée.

La faiblesse de nombre de repreneurs d'origine étrangère (8% du total) contribue aussi à limiter la concurrence sur les dossiers de reprise d'entreprises en difficultés. L’étude estime nécessaire d’adapter le système d’appel d’offres, afin de susciter davantage de concurrence sur les dossiers de reprise, "seule garante de l’efficacité de cette procédure" selon elle.

Enfin, trois régions se démarquent en termes de nombre de plans de cession: l’Île-de-France (115 plans de cession), les Hauts-de-France (51 plans de cession avec un taux d'emploi repris de 65%) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (50 plans de cession avec un taux d'emploi repris de 76%). La région PACA arrive en tête avec un taux de 94 % des emplois repris dans les plans de cession, tandis que la Nouvelle-Aquitaine n’en a sauvegardé que 63 %. 

Frédéric Bergé