Électricité "verte": le plus grand site de stockage sur batteries de France mis en service en 2021

Plus de 5600 batteries d'un poids total de 270 tonnes, le site de stockage de Fontenelle en Bourgogne, est bâti à côté d'un parc éolien. - Philippe Desmazes
Pas d'énergie renouvelable performante sans possibilité de stockage du surplus d'électricité produit par les parcs éoliens ou solaires. Selon la météo (ensoleillement, vent), la production locale de ces énergies peut connaître des pics ponctuels, et être trop abondante pour être transportée par les lignes à haute tension afin d'alimenter d'autres régions. Le surplus d’électricité est alors perdu.
Un site construit en plein champ en Bourgogne
En stockant ce surplus sur des bataillons de batteries et en le déstockant pour servir d'autres régions ayant besoin de cette électricité, le nouveau site construit en plein champ par RTE en Bourgogne (cf photo ci-dessous), jouera un rôle "tampon" alors que les énergies renouvelables fournissent en plus en plus d'électricité au réseau.

Avec ses 5685 batteries (270 tonnes au total) installées dans 10 conteneurs, "il s’agit du premier site en France à accueillir cette implantation de batterie grande échelle", explique le gestionnaire du réseau de transport d'électricité qui y voit aussi le moyen de reporter la construction de certaines lignes électriques haute tension.
Le site a été choisi car proche de parcs éoliens
Le site de Vingeanne (Côte d'Or) a été choisi pour sa situation dans une région (Bourgogne-Franche-Comté) fortement productrice d’énergie éolienne. L'éolien couvre à lui seul 8,3% de la consommation régionale, contre 5,3% au niveau national. Et d'autres parcs éoliens sont prévus comme à Fontenelle (Côte d'Or), où une quarantaine d'éoliennes vont à terme produire 100 mégawatts (MW).
L'ensemble des batteries (Lithium ion NMC pour Nickel, Manganèse, Cobalt) du site pourra stocker jusqu'à 24 MW/heure, soit l'équivalent de la production de 5 éoliennes ou de la consommation de 10.000 foyers, selon RTE.
Aucune présence humaine ne sera nécessaire sur site. Tout sera piloté à distance par un système baptisé NAZA (Nouveaux Automates de Zones Adaptatifs). Il s’appuiera sur des données en temps réel sur l’état du réseau pour déclencher automatiquement le stockage/déstockage de l’électricité dans les batteries et ce, en moins d'une seconde.
La prochaine étape interviendra le 17 novembre 2020, avec la mise sous tension des batteries. Une phase de 6 mois de tests lui succèdera, avant la mise en service prévue en mai 2021, lorsque le site sera relié au réseau de transport d'électricité.

Le site bourguignon est le premier maillon de Ringo, du nom de l'expérimentation de stockage d’électricité que RTE va mettre en service sur son réseau (cf infographie ci-dessus).
Pour ce projet, trois sites et trois consortiums d'industriels différents ont été retenus: outre Vingeanne (Côte d’Or), équipé par Nidec Asi en batteries (plus un logiciel de gestion), le site de Bellac (Haute-Vienne), situé aussi près de parcs éoliens et prévu pour une mise en service en mars 2022, le sera par Saft/Schneider.
Vers la formation d'une filière du stockage d'électricité
Le troisième sité, celui de Ventavon (Hautes-Alpes), plus axé sur l'énergie solaire, bénéficiera d'un système de stockage d'électricité d'origine Blue Solutions/Engie Solutions/SCLE INEO, avec une mise en service programmée en juin 2022.
Pour RTE et ses partenaires, l'enjeu industriel est aussi celui de l'émergence d'une filière en France du stockage de l’électricité avec pour objectif que plus de 50% de la valeur ajoutée de la construction et de l’installation des batteries réside en France.
