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EDITO. Rentrée à haut risque pour le nouveau gouvernement

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L'ÉDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. C'est le premier conseil des ministres du gouvernement Bayrou ce vendredi matin à l'Élysée. À quoi faut-il s’attendre?

Qu'attendre de ce premier Conseil des ministres de l'année? A priori pas grand-chose. Quelques images de la nouvelle équipe gouvernementale, mais peu de son. Emmanuel Macron n'a en effet “rien de particulier” à dire aux troupes dixit l'Élysée, si ce n’est “ses vœux de succès au gouvernement”.

François Bayrou a lui déclaré durant le conseil que sa responsabilité était que cette équipe soit "unie et courageuse". "Les Français ne veulent pas que l’on poursuive cette période d’instabilité. Si nous sommes unis, nous pourrons déplacer un certain nombre d’obstacles devant nous", a-t-il indiqué.

On a connu démarrages plus en fanfare. L'heure est plutôt à la sobriété. Il va pourtant falloir rapidement accélérer, car l’instabilité politique dans laquelle le pays est englué depuis un an n’est pas sans conséquences sur l’économie. La situation est même franchement inquiétante.

L’Edito de Raphaël Legendre : Rentrée à haut risque pour le gouvernement - 03/01
L’Edito de Raphaël Legendre : Rentrée à haut risque pour le gouvernement - 03/01
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Les indices avancés des directeurs d’achat (PMI) publiés jeudi sont au plus bas depuis mai 2020, au pire du pire de la crise Covid. Et même si le chiffre n’est pas encore arbitré, la prévision de croissance du budget 2025 pourrait être ramenée de 1,1 % à 0,8 % selon L'Opinion. Une chute de 20 % par rapport aux prévisions d’automne. Il y a urgence !

Que prévoit l’exécutif pour redresser la barre? À très court terme, il faut évidemment doter la France d’un budget. Un budget qui ne soit pas récessif, comme l’est pour l'heure la copie en attente de reprise au Sénat. Il faut redonner un cadre fiscal clair aux entreprises et aux ménages.

Déficit revu à la hausse

Pour améliorer la copie, Bercy à revu à la baisse l’objectif de réduction des déficits. Ce ne sera plus 5 %, mais "un peu au-dessus" de 5 % du PIB. Le Monde évoque 5,4 %. Les hausses d’impôts, qui constituent pour l'heure les deux tiers de l'effort du budget 2025, vont par ailleurs être revues à la baisse.

Mais comme le redressement des comptes publics ne se fera pas sans effort, il faudra aussi des économies. Lesquelles ? C'est tout l’enjeu des rencontres la semaine prochaine entre Eric Lombard, le nouveau ministre de l'Économie et des Finances, et les chefs de parti qu’il a déjà contactés cette semaine.

“Il y a un chemin, veut croire un ministre, ça discute et ça avance avec les composantes de gauche. Mais il ne faut rien brusquer et éviter la faute de carre, car tout le monde est encore très fébrile.”

Emmanuel Macron de son côté n'a pas pu s'empêcher de glisser quelques lignes directrices dans ses vœux : il faut que la France "continue d'être attractive", "travaille et innove plus", "continue de créer des emplois" et "assure sa croissance en tenant ses finances", a-t-il martelé. "J'y veillerai", a-t-il ajouté, dans une mise en garde à peine voilée à son Premier ministre.

Rendez-vous est pris pour le discours de politique général de François Bayrou le 14 janvier... Et le dépôt d’une motion de censure déjà prévu deux jours plus tard par La France insoumise. Une rentrée à haut risque.

Raphaël Legendre