EDITO. Record d'Europe des dépenses sociales (31,5% du PIB) et taux de pauvreté au plus haut depuis 1996: le modèle français, stop ou encore?

Commençons par rappeler la définition du taux de pauvreté monétaire en France: 60% du niveau de vie médian, 1.288 euros par mois pour une personne seule, 1.932 euros pour un couple et 2.704 pour un couple avec deux enfants.
En 2023, près de 9,8 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté. 650.000 personnes de plus qu’en 2022, alors même que la dépense sociale en France représente la moitié de notre production de richesse.
A 15,4% de la population, le taux de pauvreté atteint son niveau le plus haut depuis… 1996! C’est-à-dire depuis la création de l’indice.
En 2023, jamais la France n’a compté autant de pauvres, alors que l'on injecte des centaines de milliards d'euros dans notre modèle social.
Dépenses records, fiscalité record... Et pauvreté record! On continue encore longtemps?
Notre modèle social ne nous porte plus, il nous plombe. Il nous plombe parce qu’il est financé en majorité par des cotisations qui reposent sur le travail, qui est le seul levier pérenne pour sortir de la pauvreté. Les aides ne sont qu’un amortisseur, qui -on le voit- jouent de moins en moins bien leur rôle.
31,5% du PIB
Pour rappel, la France est le pays d’Europe qui consacre la part la plus importante de son PIB aux prestations de protection sociale. En 2023, les dépenses de prestations de protection sociale –en espèces ou en nature, tous risques confondus – atteignent en moyenne 26,6% du PIB des pays de l’UE-27. Cette année-là, la France y a consacre 31,5% de son PIB, soit la part de PIB la plus élevée d’Europe.

Même les inégalités se creusent aussi, nous dit l’Insee. Mais attentio, notre modèle demeure l’un des plus redistributif au monde. Les écarts de richesse entre les 10% les plus riches et les 10% les plus modestes se calculent avec un facteur 18 avant impôt, ramené à seulement 3,49 après impôt.
Par ailleurs vous pouvez avoir des inégalités qui se creusent avec un enrichissement global, et inversement des inégalités qui se réduisent dans un appauvrissement collectif. D'ailleurs le niveau de vie médian augmente: +0,9 % en euros constants en 2023.
L'urgence des familles monoparentales
Et il augmente notamment parce que les revenus du travail ont progressé plus vite que l’inflation, qui était pourtant très forte en 2023. Et en 2024, ça a continué.
Le niveau de vie médian des retraités, aussi, a augmenté plus vite que celui de l’ensemble de la population.
Par contre, indépendants, chômeurs et familles monoparentales ont vu leur niveau de vie reculer du fait de l’arrêt de certaines aides que nous ne pouvons plus nous offrir avec 150 milliards d'euros de déficits, comme les primes de rentrées ou de vie chère (stoppées fin 2022).
Les familles monoparentales devraient être la priorité absolue de nos politiques sociales. Le taux de pauvreté de ces familles est en hausse et plus d’une famille monoparentale sur trois vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté (34,3 %). Résultat: le taux de pauvreté des moins de 18 ans a crû de 1,5 point à 21,9 % en 2023.
Preuve supplémentaire que ce modèle social est de plus en plus coûteux, mais protège de moins en moins.