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Le taux de pauvreté a atteint son plus haut niveau depuis 1996 en France car les classes moyennes s'enrichissent plus vite que les modestes

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À 15,4%, le taux de pauvreté a atteint en 2023 son plus haut niveau depuis que l'Insee le mesure en 1996. En cause: la baisse du niveau de vie des Français modestes, contrairement au reste de la population.

La France métropolitaine n'a jamais compté autant de personnes vivant sous le seuil de pauvreté depuis le début des séries en 1996. Selon une étude de l'Insee* parue ce lundi, l'Hexagone comptait 9,8 millions de pauvres en 2023, soit un taux de pauvreté de 15,4%, en hausse d'un point en un an.

Pour rappel, sont considérées comme pauvres les personnes dont le niveau de vie est inférieur à 60% du niveau de vie médian (niveau de vie qui partage la population en deux). Or, ce niveau de vie médian a progressé de 0,9% en 2023 après prise en compte de l'inflation, à 2.150 euros par mois pour une personne seule. Si bien que le seuil de pauvreté est lui passé de 1.276 euros à 1.288 euros.

Le niveau de vie des Français modestes en baisse, celui des plus riches et des retraités en hausse

Si le taux de pauvreté a tant augmenté, c'est parce que les 30% de Français les plus modestes ont vu leur niveau de vie reculer en 2023 contrairement au reste de la population. D'abord en raison de l'augmentation du nombre de micro-entrepreneurs qui a fait progresser la part de ménages déclarant de faibles revenus d'activité indépendante. Ensuite parce que les mesures exceptionnelles de soutien au pouvoir d'achat déployées en 2022 face à l'inflation n'ont pas été reconduites, ce qui a mécaniquement fait baisser le niveau de vie des personnes qui en bénéficiaient l'année suivante.

Dans le même temps, les revalorisations salariales, la bonne tenue de l'emploi salarié (110.000 créations nettes entre 2022 et 2023) et la hausse des taux de rendement du Livret A et du LEP ont soutenu le pouvoir d'achat des classes moyennes. De leur côté, les 10% les plus riches ont vu leur niveau de vie progresser de 2,1% essentiellement en raison de "l’augmentation des revenus financiers impulsée par la hausse des taux d’intérêt et à l'augmentation des revenus d'investissement, notamment des placements et assurance-vie", souligne l'Insee qui évoque également "la dernière phase de l’exonération de la taxe d’habitation sur la résidence principale qui, en 2023, a concerné les 20% de foyers fiscaux les plus aisés".

Le niveau de vie des retraités a lui augmenté plus vite que celui du reste de la population (+1,2%) grâce à la hausse des revenus du patrimoine ainsi qu'à la revalorisation des pensions du régime de base (+0,8%) et surtout des pensions du régime complémentaire Agirc-Arrco (+4,9%). Le taux de pauvreté des retraités augmente malgré tout mais de "seulement" 0,3 point et reste très inférieur à celui de l'ensemble de la population, à 11,1%. À l'inverse, les catégories les plus touchées par les taux de pauvreté les plus élevés sont les chômeurs (36,1%) et les familles monoparentales (34,3%).

Le niveau de vie des plus aisés 3,5 fois plus élevé que celui des plus pauvres

Le recul du niveau de vie des Français modestes parallèlement à la hausse du niveau de vie des plus aisés se traduit par une forte augmentation des inégalités, les 10% les plus riches ayant un niveau de vie plancher 3,49 fois supérieur au niveau de vie plafond des 10% les plus pauvres. Un ratio qui dépasse sa moyenne historique sans pour autant atteindre le niveau record de 2011 (3,58).

En revanche, les 20% les plus riches captent à eux seuls 38,5% de la somme des niveaux de vie, soit 4,5 fois plus que les plus modestes (8,5%). Un indicateur qui cette fois est au plus haut depuis 1996.

*Cette enquête ne couvre que les personnes vivant dans un logement dit "ordinaire" en France métropolitaine. Elle n’inclut ni les habitants des départements d’Outre-mer (DOM) ni les personnes sans-abri, les personnes vivant en habitation "mobile" et les personnes vivant en institution.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco