EDITO. Pourquoi les comptes publics continueront de déraper l'année prochaine

La première partie du budget, consacrée aux recettes, sera probablement rejetée lors d'un vote solennel mardi à l'Assemblée. Le texte va donc partir au Sénat dans sa version initiale; et l’Assemblée est pour la première fois dans la Ve République privée d’examen de la partie dépenses. C'est logique: pas de recettes, pas de dépenses.
Le Sénat va donc maintenant vouloir marquer sa patte sur le texte, notamment pour réduire l’effort demandé aux collectivités locales (5 milliards d'euros d'économies). Ce sera la grande bataille politique du budget.
Les modifications du texte au Sénat seront à suivre, ce seront les seules retenues par l'exécutif. Car pour le reste, franchement, ce qui s'est passé à l'Assemblée ressemble à un grand mensonge institutionnalisé. La quintessence d'un principe édicté par Mazarin il y a trois siècles et demi, qui veut que l’action politique repose sur la simulation et la dissimulation du pouvoir.
La simulation de victoires fiscales côté Nouveau Front populaire ; qui termine l’examen avec 35 milliards de hausses d’impôts alors que rien de tout cela ne sera retenu.
La dissimulation de l'État qui joue la comédie de la discussion alors qu’il clôturera tout cela par un 49.3.
La simulation d'un redressement des comptes publics aux deux tiers par des économies et un tiers par l'impôt.
Alors que comme la mis en lumière le Haut Conseil aux finances publiques, ce sera l’inverse. 70 % du redressement passera par l’impôt. Dissimulation.
Vers un collectif budgétaire au printemps?
Trop faible, le gouvernement est en réalité incapable de tailler dans les dépenses. Laurent Wauquiez vient d’en apporter une preuve éclatante en annonçant lundi soir au JT que les retraites seront finalement bien revalorisées dès le 1er janvier au lieu du 1er juillet. C’est 500 millions à un milliard d'économies en moins, 500 millions à un milliard de dépenses supplémentaires.
Au final, il n'est franchement pas acquis que le déficit retombe à 5% l'année prochaine, car il n’y a rien de plus dangereux que de miser sur les impôts pour redresser les déficits. Surtout quand on constate que les recettes ne rentrent plus depuis un an.
C’est d’autant moins sûr que la prévision de croissance de 1,1% ne tient pas compte de l’impact récessif des mesures fiscales inscrites dans le PLF, ni du climat de défiance qu’elles instillent chez les agents économiques.
Tout cela ne présage rien de bon pour le déficit français. Je ne serai pas surpris que l’on ait besoin d’un projet de loi de finances rectificative avant l’été pour corriger le tir. Avec comme corollaire, toujours la menace d’une motion de censure pour le gouvernement.