BFM Business
Economie

ÉDITO. Macron avait promis 120.000 fonctionnaires en moins, il y en a eu 178.000 de plus: où tailler sans dégrader les services?

placeholder video
Dimanche, le ministre de l'Économie Éric Lombard a dit vouloir "engager la baisse du nombre de fonctionnaires" en France pour contribuer aux 40 milliards d’euros d’économies nécessaires au budget 2026. Est-ce crédible?

Difficile de ne pas se souvenir qu’en 2017, Emmanuel Macron promettait 120.000 suppressions de postes dans la fonction publique. Résultat après un quinquennat : +178.000 agents. Prudence, donc.

Pour autant, la question mérite d’être posée. La France compte 5,8 millions de fonctionnaires. Et les effectifs ont progressé de 23% en 25 ans, contre seulement +14 % pour la population. Rien qu’en 2023, 62 000 agents supplémentaires ont été recrutés.

Où tailler sans dégrader les services?

Personne ne plaide sérieusement pour moins de professeurs ou de policiers. Mais la fonction publique n’est pas un bloc homogène. Depuis 25 ans, les effectifs de l’État n’ont augmenté que de 7%, soit bien moins que le secteur privé (+18%). À l’hôpital, la hausse est de 36%, logique face au vieillissement, à la pandémie et à la demande croissante en soins.

Mais du côté des collectivités locales, la courbe explose : +46% d’effectifs en un quart de siècle. Et c’est le bloc communal (communes + intercommunalités) qui concentre la moitié de cette hausse.

L’Edito de Raphaël Legendre : Fonctionnaires, le vrai chantier est local - 10/06
L’Edito de Raphaël Legendre : Fonctionnaires, le vrai chantier est local - 10/06
3:11

Or, cette strate a été densifiée par les intercos, sans simplification réelle à l’échelle inférieure. Résultat: superposition des structures, doublons administratifs, et coûts qui s’envolent. D’autant que la durée légale du travail n’est pas toujours respectée dans la territoriale... en 2024.

Dans le même temps, l’État continue d’augmenter les dotations aux collectivités sans condition de performance, notamment depuis l’abandon des contrats de Cahors.

Le chantier du local : une rationalisation possible

La Cour des comptes a récemment avancé une cible pragmatique : revenir aux effectifs territoriaux du début des années 2010, soit l’époque où les derniers transferts de compétences ont été effectués. Cela représenterait 100.000 postes en moins, pour 4,1 milliards d’euros d’économies par an d’ici 2030.

À cela s’ajoutent 1,3 milliard d’euros par an si l’on aligne la durée de travail sur la norme des 1.607 heures et jusqu’à 3 milliards supplémentaires via la mutualisation des services, la fin des doublons entre communes et intercos, et une massification des achats publics. Total: plus de 8 milliards d’euros d’économies structurelles à horizon 2030.

Sans sabrage aveugle, sans casse sociale, mais avec une vraie volonté politique de rationaliser. Un bon début pour combler les 40 milliards d’euros manquants. À condition, cette fois, de joindre les actes à la parole.

Raphaël Legendre