BFM Business
Economie

EDITO. Le nouveau monde ne nous attend pas

placeholder video
Donald Trump s’apprête à secouer le monde avec une nouvelle guerre commerciale violente, pendant que nous, Français, ouvrons des conclaves pour tenter de revenir la retraite à 62 ans.

Le décalage entre les enjeux mondiaux et nos préoccupations nationales est assez inquiétant.

Il faut se rendre compte du monde économique dans lequel on rentre avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Ça va être brutal. Alors qu’il avait pris 220 décrets présidentiels lors de son premier mandat, il a annoncé cette fois-ci 100 décrets en 100 heures. C’est colossal. À titre de comparaison, Biden n’en a signé que 159 depuis 2021.

Fini le libre-échange, finie la coopération, finie la défense des démocraties libérales... C’est le retour de la diplomatie du coup-de-poing et des négociations musclées pour signer des “deals”. ”Un monde de carnivores”, avait dit Emmanuel Macron en novembre dernier, dans lequel l’Europe en général et la France en particulier semblent particulièrement décalées.

Quelles sont les premières menaces pour nous?

Elles concernent d’abord notre sécurité avec des menaces sur l’Otan et l’Ukraine bien sûr. Mais économiquement, le risque majeur, c'est un affaiblissement de notre économie avec une augmentation sensible des droits de douane alors que l’Europe enregistre plus de 150 milliards d’excédents commerciaux avec les US.

Et comment réagit l’Europe?

Elle ne réagit pas. Aucune réponse sérieuse n’a été renvoyée à Trump après ses menaces d’annexion du Groenland.

Sur les big tech, le Financial Times a révélé il y a quelques jours que la Bruxelles était en train de réévaluer ses enquêtes sur les géants Google, Apple et Meta.

Et quatre mois après la publication de l’excellent rapport Draghi qui a bien expliqué qu’on risquait de disparaître de la carte économique si on ne réagissait pas rapidement, idem… Toujours aucun plan de travail de la Commission.

Et en France, vu la situation politique, ce n’est guère mieux

C’est même pire. La polémique du moment, c'est de savoir s’il faut quitter X ou pas et s’il ne serait pas possible de revenir aux 62 ans pour la retraite. Nous sommes parfaitement hors-sol.

La vérité, c’est que jamais, aux USA, entreprises et Etat n’ont autant marché main dans la main pour asseoir leur domination mondiale quand nous, Français, cherchons tous les moyens de taxer encore plus nos entreprises pour financer un modèle social à bout de souffle et combler nos déficits. On est loin de la conquête mondiale.

Résultat, les grandes entreprises françaises regardent toutes à l’ouest, Total, Publicis, Sanofi… Ce matin, même le très policé patron d’Air France, Ben Smith, pousse un coup de gueule rarissime dans Le Parisien et lance un message qui devrait tous nous alerter: "Nous ne sommes pas les bienvenus dans notre propre pays".

Raphaël Legendre