EDITO. Gouvernement: réfléchir à "pour quoi faire" avant de penser à "qui"?

On voit bien que le système traditionnel de formation d’un gouvernement est à bout de souffle.
Il faut renverser les choses. Commencer par se poser la question du "pour quoi faire" avant de "qui pour le gouvernement". Comme cela se fait en Allemagne! Outre-Rhin, un chef de gouvernement ne peut être renversé que si les parlementaires s’accordent sur un successeur.
Pour cela, il faut commencer à lister les sujets de compromis possible. Certains députés ont commencé à le faire. Au PS par exemple, Olivier Faure et Boris Vallaud ont tendu la main. "Le futur Premier ministre doit être de gauche et ouvert aux compromis", ont-ils dit.
De leur côté, les Verts ont envoyé onze mesures prioritaires (dont l’abrogation des retraites) aux groupes de l’arc républicain.
Au centre, Gabriel Attal s’est dit très récemment volontaire pour élargir le périmètre du socle commun, en partant des socialistes jusqu'aux LR.
Ce que l'on constate ces dernières heures à l'Assemblée, c'est un début de scission entre ceux qui cherchent la destitution d’Emmanuel Macron – LFi et le RN – et ceux qui n’en veulent pas: tous les autres.
Mais pour s’émanciper du pouvoir de nuisance du RN comme de LFI, il faut trouver une voie, un pacte de non-agression, au moins jusqu’en juillet, date d'une possible prochaine dissolution, et si possible jusqu’en 2027.
Sur quoi pourraient-ils tous se mettre d’accord? La priorité des priorités doit être de fixer le rétablissement des comptes publics comme objectif numéro un. La raison d’Etat l’impose.
Ecole, santé... des sujets transpartisans
Une fois ce principe acté, d’autres textes pourraient être lancés dans l’atmosphère, plutôt sociétaux tant les questions économiques seront difficiles à aborder.
L’école peut être une cause commune. L’étude internationale TIMSS sur le niveau en mathématiques et en sciences des élèves de CM1 et de 4ème, publiée mercredi, fait état d’un effondrement dramatique du niveau à l’école. Nous sommes aujourd'hui les derniers d’Europe, derrière Chypre, derrière l'Albanie...
Droite, gauche: qui peut refuser de s’atteler à un sursaut éducatif?
La santé, l’accès aux soins, la lutte contre les déserts médicaux, la fin de vie sont autant de sujets de l’action publique capable également de transcender les courants politiques.
Mais si l’on veut que le futur gouvernement tienne et ne soit pas renversé à la première occasion , il faut que le “quoi” précède le “qui”. Et il faut que le programme vienne des députés. C’est un renversement inédit de note régime présidentiel. Mais c’est aussi la dernière option crédible avant le renversement possible du Président.