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EDITO. Budget: ultime séance de négociations avec le PS

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L'EDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. Le projet de loi de finances (PLF) pour 2025 a été largement adopté ce jeudi au Sénat par 217 voix contre 105. Le PS a voté contre mais l'histoire n’est pas terminée.

Une semaine de tractations sous haute tension s’ouvre entre le gouvernement et le Parti socialiste, qui a monté le ton hier après une semaine d’examen au Sénat durant laquelle Bercy et les sénateurs LR ont mené un blitzkrieg budgétaire assez efficace, qui s'est clôturée par 6,3 milliards d’euros de coupes supplémentaires.

Parmi les principales baisses: l’aide au développement (-2,78 milliards d’euros au total sur un budget de 6,5 milliards), l’écologie (-995 millions), l’enseignement supérieur et la recherche (- 630 millions) ou bien encore France 2030 (-535 millions).

J’ouvre ici une parenthèse.

Toutes ces coupes auraient pu être évitées si on avait décalé comme prévu la revalorisation des retraites de six mois. Et par ailleurs, il faut quand même bien se rendre compte qu’on va couper dans l’enseignement supérieur - donc l’investissement chez les jeunes – et dans France 2030 – donc l’investissement tout court – pour augmenter de quelques dizaines d'euros par mois les pensions des seniors. Un choix de société qui en dit long sur l’état de notre pays.

Je referme la parenthèse.

Il n’y a pas que les retraités qu’on a préservés. Les sénateurs sont montés au créneau pour s’opposer à certaines coupes. Sur le logement, vote à la quasi-unanimité pour rejeter près d’un milliard d’euros de coupe sur MaPrimeRénov’ (540 millions) et les APL (534 millions). Sur l’agriculture, le gouvernement voulait 285 millions d'économies en plus des 300 millions déjà prévus et votés. Sur le sport, le gouvernement a proposé 123 millions sur la totalité de la mission sport, jeunesse et vie, mais le Sénat, comme le président de la République qui s'est permis une sortie publique sur le sujet, ont dit non.

Enfin, le Sénat a aussi dit non à une mesure symbolique du deal entre Bercy et le PS, à savoir le rétablissement des 4.000 postes d'enseignants qui devaient être supprimés.
Au final, le déficit arrive à 5,3% en sortie du Sénat, mais l'histoire n'est pas terminée. Depuis mercredi soir, les discussions ont repris avec le PS. Les curseurs vont encore bouger.

Phase critique

On rentre même dans une phase critique en réalité, car tout va se jouer entre le 30 janvier, date de la commission mixte paritaire où 7 députés et 7 sénateurs vont devoir se mettre d'accord sur un texte commun; et le 3 ou le 4 février, au moment du vote sur la censure du gouvernement.

Ce n’est pas si simple en réalité. Le PS fait évidemment monter les enchères, c’est de bonne guerre. Mais si seuls huit députés ont voté la censure après le discours de politique générale, ils sont quand même entre 20 et 30 (sur 66 députés) à réfléchir encore à leur vote début février. Si le RN vote la censure avec LFi, il suffira d’une vingtaine de voix PS pour faire tomber le gouvernement Bayrou. C'est un chemin de crête. Rien n'est encore gagné.

Raphaël Legendre