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EDITO. Budget: le pari risqué de l’exécutif

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L'EDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. Le ministre de l’Économie et des Finances, Eric Lombard, débute ce lundi ses entretiens préparatoires au budget, notamment avec les représentants du Parti socialiste. Un rendez-vous important qui cache un pari risqué.

Si Michel Barnier s’était mis dans les mains du Rassemblement national pour gouverner, ce qui a fini par lui être fatal, François Bayrou mise de son côté beaucoup sur le Parti socialiste pour éviter la censure.

Car si les socialistes s'abstiennent sur le budget plutôt que de voter contre, le bloc central n’est plus qu’à dix voix de la majorité absolue. Le Rassemblement national comme La France insoumise se retrouveraient alors beaucoup plus désarmés.

Dans cette configuration, François Bayrou se prête même à rêver de rester jusqu’en 2027. Un pari fou sur lequel une voix qui compte à gauche vient de remettre une pièce.

C’est celle de François Hollande, qui dans un entretien à Ouest France s’est déclaré dimanche 5 janvier pour le maintien de l'actuel locataire de Matignon jusqu’en 2027, à condition qu'il "concède des gestes significatifs", en particulier sur les retraites et la "justice fiscale". Dont acte.

Mais pour s'attirer les bonnes grâces du PS, le Béarnais mise sur un pari risqué: lancer une grande négociation sur un triptyque conditions de travail/pouvoir d’achat/retraites, que l’exécutif placerait entre les mains des partenaires sociaux.

Trois sujets évidemment étroitement liés les uns aux autres. De meilleures conditions de travail permettent de mettre plus de monde au travail, plus longtemps, donc de mieux financer les retraites. Et les travailleurs ont une meilleure progression dans l’emploi, ce qui favorise le pouvoir d’achat.

Très joli sur le papier, plus compliqué à mettre en place dans la réalité. Pour l’heure, on est encore très loin d’une feuille de route avec la gauche.

“Il y a des coups de sonde dans tous les sens, mais rien de robuste à ce stade”, indique un responsable patronal.

"Ça discute et ça avance"

Il faut dire que vouloir aligner gouvernement, partis politiques et partenaires sociaux relève de la gageure en ce moment.

“Tout le monde est encore très fébrile, reconnaît un ministre, mais il y a un chemin. Ça discute et ça avance.”

Reste à voir si l’amélioration des conditions de travail est un objet politique assez puissant pour sortir le Parti socialiste du giron de La France insoumise. Jean-Luc Mélenchon lui reste très offensif: “le premier qui aide Bayrou à durer chope la gale”, a-t-il écrit dans sa dernière note de blog.

La rencontre aujourd’hui entre Éric Lombard, venu de la gauche, et les responsables socialistes Olivier Faure, Boris Vallaud et Patrick Kanner, sera un indicateur important du thermomètre en ce début d'année.

Raphaël Legendre