EDITO. Budget: le crépuscule du macronisme

C'est assez spectaculaire de voir comment, un à un, les piliers de l’édifice économique construit par Emmanuel Macron depuis 2017 sont en train de s’effondrer.
La stabilité fiscale: terminée. La baisse du coût du travail: terminée. Le plein-emploi: terminé, le chômage repart à la hausse. L’attractivité auprès des investisseurs étrangers? La moitié aurait réduit leurs projets d’investissement en France depuis la dissolution. La réforme des retraites, seule réforme du second mandat? Elle est au menu des discussions entre le PS et Bercy pour être gentiment détricotée.
Nous ne sommes qu’à mi-mandat, et ce n’est plus un bilan qu’on a en face de nous, c’est un véritable champ de ruines.
Du coup, Emmanuel Macron reçoit à déjeuner ce vendredi une vingtaine de grands patrons avant Davos pour tenter de redorer son blason. Mais l'accueil risque d’être frais. Parce que s’il y a bien un marqueur de la politique économique d’Emmanuel Macron, de sa politique probusiness, c’est sa réforme de la fiscalité du capital avec la suppression de l’ISF et la mise en place de la flat tax.
Macron rattrapé par Piketty
Or, elle aussi est menacée. L’ISF pourrait même faire son retour! Une hypothèse sérieusement envisagée par Bercy selon le journal l’Opinion, pour remplacer la contribution sur les hauts revenus qui ne serait plus applicable en 2025. Une sorte de taxe Zucman, un disciple de Piketty, qui concernerait les très hauts patrimoines de plus de 100 millions. Macron rattrapé par Piketty... Quel symbole! Ce serait le dernier clou dans le cercueil du macronisme.
Et c’est terrible parce que l’ambition originelle du macronisme était la bonne: l’égalité réelle des chances, l’émancipation par le travail, la lutte contre les rentes... Tout cela était excellent.
Mais de ce souffle, il ne restera rien ou presque au final. Pourquoi? Parce que si Emmanuel Macron a eu la bonne inspiration sur la politique de l'offre, il a été incapable de mener en parallèle l'indispensable réforme de l'Etat. Pire, il a cramé la caisse!
Et ce qui est drôle, c’est que c’est celui qui a permis à Emmanuel Macron d’accéder à l’Elysée en 2017... qui pourrait être le fossoyeur du macronisme en 2025. Son nom? François Bayrou.