EDITO. 2024: pire année de la Ve République

Le Président avait surexploité ce terme militaire soufflé par son conseiller en communication Jonathan Guémas. Le mot "réarmement” est répété pas moins de sept fois dans ses vœux aux Français. "Réarmement économique"; "réarmement de l’Etat et de nos services publics", "réarmement civique", "réarmement industriel, technologique et scientifique", "réarmement de notre souveraineté européenne face aux périls internationaux"... Bref, on allait voit ce qu’on allait voir.
Un an plus tard, on n’y est pas vraiment. On est même plus proche du grand remplacement que du grand réarmement. Je ne parle pas de la thèse de Renaud Camus, je parle du remplacement des Premiers ministres et de leurs gouvernements qui tombent comme des mouches les uns après les autres.
Jamais, depuis l'instauration de la Ve République en 1958, la France n’avait connu dans la même année quatre Premiers ministres, une dissolution et une censure. Jusqu'à cette dernière anomalie institutionnelle: François Bayrou qui s’impose à Matignon, contre le choix du président de la République. Symboliquement, c’est la fonction présidentielle qui s’abîme. Jusqu'à évoquer très sérieusement, et pas que par les extrêmes, un départ anticipé du Président lui-même. On a perdu les codes de la Ve.
Politiquement, 2024 restera dans les cours d’histoire comme la pire année de la Ve République.
L'économie désarmée
Cette instabilité évidemment n'est pas sans conséquences pour l’économie. Nos entreprises avancent dans le brouillard, le moral des patrons est en berne, les faillites sont au plus haut. Les ménages surépargnent. Nos finances publiques sont hors de contrôle, les taux montent.
La France est désarmée. L’exact inverse de la promesse présidentielle pour 2024. Que prévoit Emmanuel Macron pour ses vœux 2025 dans ce contexte crépusculaire ? “Des vœux de président qui préside, davantage garant que gouvernant”, explique-t-on dans son entourage. Une pierre supplémentaire vers le grand effacement.