EDITO. 2024, la grande vacance du pouvoir

Le Parlement, ou les travaux sont arrêtés depuis le 5 décembre, s’apprête à partir en vacances pour trois semaines. Trois semaines de plus où il ne se passera rien. Trois semaines de vide qui vont s’ajouter aux 130 jours de vacances du pouvoir recensés en 2024. Plus de quatre mois, vous vous rendez compte? Et ça continue.
Nous sommes à la veille de Noël sans budget, ce qui ne s’est jamais produit depuis un demi-siècle. Sans gouvernement, bien que le précédent ait démissionné il y a deux semaines maintenant. Et sans possibilité de débloquer des crédits ou de faire voter une loi d’urgence pour la reconstruction de Mayotte, face à ce que le Premier ministre a qualifié hier de “catastrophe naturelle la plus grave de l’histoire de France depuis plusieurs siècles”. Et on se dit qu’on peut encore attendre trois semaines avant la reprise des travaux. Avouez qu’il y a de quoi s’étonner.
À qui la faute?
Bien sûr, les députés vont continuer de travailler en circonscription. Il ne s’agit pas d’avoir un discours populiste et dire que les députés sont des tire-au-flanc payer à ne rien faire avec nos impôts. Ils travaillent pour la plupart beaucoup, toute l’année et continueront de le faire en circonscription à l'occasion des fêtes de fin d'année.
S’ils ne siègent plus depuis le 5 décembre, c’est parce qu’il n’y a plus de gouvernement. C’est bien ça qui dysfonctionne. À qui la faute alors? Au gouvernement ou à ceux qui l’ont renversé?
Les ingénieurs du chaos qui a l’Assemblée n’ont peut-être pas complètement mesuré les conséquences de leurs actes portent inévitablement une partie de la responsabilité. Mais cette instabilité vient aussi du président de la République, dont l’article 5 de la Constitution stipule pourtant qu’il “veille au respect de la Constitution” et “assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État”.
La Constitution? Il l'a repoussée dans ses derniers retranchements et la tord allègrement depuis un an.
Le fonctionnement régulier des pouvoirs publics? La continuité de l'État? Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont plus assurés depuis un an maintenant.
Accélérer le rythme
Cette instabilité institutionnelle a des conséquences directes économiques, sociales, et aujourd’hui même humanitaires. Des conséquences graves. Alors si on pouvait un peu accélérer le rythme et ne pas attendre le 14 janvier pour que nos chers députés retrouvent le chemin de l’Assemblée nationale et que François Bayrou dévoile ses plans dans son discours de politique général.
Sa mission est claire : ramener le déficit à 5 % du PIB en 2025 sans trop augmenter les impôts et faire voter la loi de finances le plus rapidement possible. C’est simple ! Pas besoin de discours de politique générale pour cela, ni d'attendre le 14 janvier. On a besoin de se mettre au travail. Tout de suite!