Traité budgétaire européen : "L'austérité ? oui, c'est l'idée !"

L'examen du traité budgétaire européen rentre mardi à l'assemblée nationale. - -
L'examen du traité budgétaire européen par le Parlement démarre mardi à l'Assemblée nationale. Une séquence ouverte par une déclaration sans vote du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui estime que ce traité "est une étape essentielle" pour le maitien de la zone euro. De son côté, l'extrême gauche se mobilise contre ce traité.
Que prévoit exactement ce traité et quelles incidences sur la politique économique de la France ? Décryptage avec Bruno Jérôme, économiste, maître de conférences à Paris 2 et cofondateur de l'observatoire Electionscope.
Que change vraiment ce traité budgétaire ?
Ce qui est nouveau, c'est la notion de sanction par la Cour de justice européenne, sous forme d'amende. C'est un dispositif plus souple que ce que voulait Allemagne, qui préconisait une mise sous tutelle du pays ne respectant pas ses engagements européens.
De plus, on a introduit la notion de déficit structurel. Là, les choses sont claires : le déficit ne peut pas dépasser les 0,5% du PIB hors aléas liés à la conjoncture, le contexte économique. C'est ce que l'on appelle la "règle d'or".
Quelles politiques nationales induit ce traité ?
Ce traité impose nécessairement des poliques de réduction des déficits, c'est-à-dire des dépenses publiques. Les Etats ne pourront plus se reposer sur la hausse des impôts mais devront prendre des actions budgétaires structurelles.
En cours d'exercice budgétaire, les gouvernements réalisent un audit national tous les trois mois. S'ils s'aperçoivent qu'ils dépasseront les règles imposées, ils doivent aussitôt se donner les moyens de rectifier le tir.
Il s'agit donc bien d'austérité budgétaire ?
Qu'on l'appelle "rigueur" ou "austérité", en tout cas, oui, c'est l'idée !
Un récent sondage montrait que 64% des Français sont favorables au traité budgétaire et même que 72% à l'instauration de la règle d'or. Comment analyser ces chiffres ?
Ces sondages me posent toujours un problème. En théorie, beaucoup de gens sont pour mais si on leur posait une deuxième question comme "Etes-vous prêt à une baisse des dépenses publiques ?" ou "Etes-vous prêt à une augmentation des impôts ?", les résultats seraient sûrement différents.
François Hollande a-t-il peser sur ce traité avec son "pacte budgétaire" ?
François Hollande n'a pas réussi à faire plier Angela Merckel contrairement à ce qu'il pensait. Après, il s'inscrit dans l'héritage de Jacques Delors. Il est partisan à terme d'une transition du Parti socialiste vers un Parti social-démocrate.
Electoralement, il avait besoin des voix du Front de gauche mais lui, personnellement, est un européiste convaincu, accroché aux canons du fonctionnement de l'euro.
Vidéo : Valérie Béranger et Elsa Jirou