La France paie-t-elle mal ses enseignants?

Les enseignants français sont-ils, comme ils l’affirment, moins bien payés que leurs homologues dans les pays développés? Invité lundi de Jean-Jacques Bourdin, sur BFMTV et RMC, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer le concédait, estimant qu'un effort sur le pouvoir d'achat devait être fait. Et dans la dernière étude comparative publiée ce mardi, l’OCDE montre qu'effectivement, la France n'est pas, loin s'en faut, la plus généreuse avec son corps enseignant. Premier constat, en début de carrière, la rémunération des enseignants du secondaire figure effectivement en queue de peloton. Pour que les données soient comparables, les experts de l'OCDE ont pris en compte le pouvoir d’achat dans chaque pays.
Les salaires mentionnées dans son étude ne correspondent donc pas au traitement de base figurant sur la feuille de paie des enseignants. Ainsi, au collège, un enseignant français bénéficie en début de carrière, d’un salaire annuel qui se situe légèrement en dessous la moyenne des pays développés (31.000 euros contre 33.150 euros). Il est ainsi bien moins loti que ses homologues espagnols, néerlandais ou américains. Et, toujours rapporté à son pouvoir d’achat, son salaire est deux fois inférieur à celui des enseignants allemands du secondaire, l’Allemagne étant, après le Luxembourg, le pays qui paie le mieux ceux qui ont la charge d’éduquer ses enfants.
En France, un enseignant double son salaire en fin de carrière
En revanche, en France, les salaires des enseignants ont tendance à progresser de façon bien plus sensible qu’ailleurs avec l’ancienneté. Et quand ils s’approchent de leur retraite, les professeurs français se retrouvent avec un traitement situé 10% au dessus de la moyenne des pays développés. En fait, entre le début et la fin de leur carrière, un enseignant va pouvoir doubler son salaire, alors que son homologue allemand devra se contenter d’une augmentation maximale de 30%.
Par ailleurs, pour que la comparaison soit complète, il conviendrait de prendre en compte des données variant beaucoup d’un pays à l’autre. En France, l’Education nationale verse, par exemple, toutes sortes de primes à ses enseignants. En prenant en compte ces compléments de salaire, un professeur de l’enseignement secondaire est finalement mieux payé que la moyenne. Autre élément important: le temps de travail. Bénéficiant notamment de seize semaines de congés, les enseignants français font moins d’heures sur l’année, que leurs homologues allemands, portugais, américains, néerlandais, belges ou espagnols. Et ils sont clairement en dessous de la moyenne des pays développés.
En revanche, comme le soulignent souvent les syndicats d’enseignants, la France consacre moins d’argent que la moyenne, rapporté aux nombre d’élèves par classe. Toujours selon cette étude de l’OCDE, le coût moyen par élève d’un enseignant est de l’ordre de 5000 euros en Allemagne contre 2500 euros en France.
