L’Allemagne devrait (encore) enregistrer le plus fort excédent extérieur du monde en 2018

Selon l'Institut de conjoncture allemand, l'excédent des comptes courants allemands sera le plus élevé du monde pour la troisième année d'affilée. Une situation qui risque de tendre un peu plus les relations entre Berlin et Washington.

Pour la troisième année consécutive, l’Allemagne devrait s’imposer comme la championne du monde des excédents extérieurs en 2018, selon les prévisions de l’Institut de conjoncture allemand rapportées par Les Échos.

L’excédent des comptes courants allemands devrait ainsi avoisiner les 299 milliards de dollars (262,5 milliards d’euros) cette année, loin devant le Japon, deuxième, avec 200 milliards de dollars, et les Pays-Bas, troisièmes (110 milliards de dollars). De leur côté, les États-Unis vont vraisemblablement demeurer le pays affichant le déficit courant le plus important du monde à un peu moins de 420 milliards de dollars.

Trump dénonce l'excédent allemand

Ces chiffres risquent d’alimenter davantage les critiques de Donald Trump qui a déjà pointé à de nombreuses reprises l’état "inacceptable" et "intenable" du déficit commercial outre-Atlantique. Plus encore, le président américain n’a eu de cesse de dénoncer l’excédent allemand qu’il juge excessif. Ce déséquilibre a d’ailleurs servi de motif aux menaces de taxes douanières, notamment sur l’automobile allemande.

Alors que l’excédent allemand vis-à-vis des États-Unis s’est établi à 64 milliards de dollars en 2017, Donald Trump s’était fendu d’un message sur Twitter en mai 2017: "Nous avons un déficit massif vis-à-vis de l’Allemagne, qui paie beaucoup moins que nous pour l’Otan. Très mauvais pour les États-Unis, cela va changer", avait-il écrit.

Le FMI et la Commission européenne incitent l'Allemagne à investir

Mais le locataire de la Maison Blanche n’est pas le seul à critiquer la situation allemande. La Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) exhortent eux aussi l’Allemagne à doper ses importations ainsi que l’investissement public et privé afin de réduire cet excédent "obstinément grand" qui renforce les déséquilibres avec ses partenaires commerciaux. Emmanuel Macron avait lui-même demandé à Berlin en mai d’en finir avec son "fétichisme perpétuel pour les excédents budgétaires et commerciaux […]faits au détriment des autres".

Pour Volker Treier, chef du commerce extérieur de la Chambre de l’industrie et du commerce allemande, l’excédent de Berlin "illustre la performance des entreprises allemandes et l’attrait de leurs produits malgré un environnement international difficile". De son côté, le gouvernement allemand assure que l’excédent de ses comptes courants n’est pas l’un de ses objectifs politiques.

Paul Louis