Juncker veut que l'UE se répartisse 160.000 réfugiés dès la semaine prochaine

Jean-Claude Juncker et Angela Merkel le 25 juin 2015 - ALAIN JOCARD / AFPJOHN THYS / AFP
Jean-Claude Juncker a appelé mercredi les pays membres de l'Union européenne à trouver un accord dès la semaine prochaine pour répartir 160.000 réfugiés qui sont arrivés en Grèce, en Italie et en Hongrie.
Le président de la Commission européenne a également demandé "à ne pas distinguer" ces réfugiés selon leur religion, dans son premier discours sur l'état de l'Union, très attendu, prononcé devant le Parlement européen.
"C'est 160.000 (personnes) que les Européens doivent prendre dans leurs bras. Ceci doit être fait de façon obligatoire", a insisté Jean-Claude Juncker en exhortant les ministres de l'Intérieur qui se réunissent à Bruxelles le 14 septembre à "se mettre d'accord".
"Les chiffres sont impressionnants"
Le chiffre de 160.000 réfugiés à accueillir correspond à l'addition d'une précédente proposition de se répartir 40.000 réfugiés arrivés sur le sol européen, avec une nouvelle proposition d'urgence d'accueillir 120.000 personnes.
"Les chiffres sont impressionnants", a-t-il reconnu, en rappelant que près de 500.000 réfugiés ont frappé aux portes de l'Union européenne depuis le début de l'année. "Ce n'est pas l'heure d'avoir peur", "c'est l'heure d'actions audacieuses et déterminées", a-t-il lancé.
Mettre en place « un mécanisme permanent »
Après la répartition de 160.000 réfugiés, présentée comme une mesure d'urgence, Jean-Claude Juncker a insisté pour que l'UE mette en place "un mécanisme permanent" de répartition des réfugiés, "qui nous permettra de faire face plus rapidement à l'avenir".
Alors que les critiques se multiplient à l'égard des accords de Schengen, qui organisent la libre circulation en Europe, le président de la Commission européenne a assuré que ce pilier de l'UE ne serait pas remis en cause sous son mandat.
"Il faut modifier notre droit interne pour permettre aux migrants de travailler dès lors qu'ils arrivent sur le territoire de l'UE", a-t-il par ailleurs estimé, jugeant également que l'UE devait mettre en place rapidement "des voies légales" d'immigration. Il a, en outre, appelé à la mémoire, rappelant que l'histoire européenne était marquée par des réfugiés fuyant l'oppression. Il a notamment cité ceux qui ont fui l'Allemagne nazie, les révolutionnaires hongrois qui se sont rendus en Autriche ou encore les Républicains espagnols qui se sont réfugiés en France à la fin des années 1930.
Réaction d'Angela Merkel
La chancelière allemande Angela Merkel a, de son côté, réclamé à nouveau une "répartition contraignante" des réfugiés entre tous les pays de l'UE, allant au-delà des premières propositions de la Commission européenne.
"Nous avons besoin en Europe d'un accord contraignant sur une répartition contraignante" et durable des réfugiés, a-t-elle déclaré devant le Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand. "Nous ne pouvons nous contenter de dire qu'on répartit un nombre donné de réfugiés, nous devons réfléchir à la manière dont nous allons faire face aux réfugiés qui viennent chez nous", a-t-elle estimé.
"Nous avons besoin de solidarité en Europe", a encore souligné la chancelière. "Si l'Europe échoue en matière de réfugiés, nous mettrons à mal un des éléments fondateurs de l'Europe, à savoir le lien étroit avec les droits fondamentaux qui ont fondé l'Europe dès les origines".
La crise migratoire actuelle, qui voit des centaines de milliers de réfugiés affluer vers l'Europe, "constitue un défi pour chacun des Etats de l'Union européenne", a-t-elle conclu.