Gel des fonds européens: la Hongrie annonce un accord préliminaire avec Bruxelles

La ministre hongroise de la Justice Judit Varga a annoncé lundi un "accord technique" avec la Commission européenne sur les réformes judiciaires demandées par Bruxelles, disant espérer un déblocage des fonds européens dans les mois à venir. "J'ai eu une discussion constructive avec le Commissaire à la Justice" Didier Reynders, a écrit la ministre sur Twitter. "Les négociations techniques sur nos engagements judiciaires ont été conclues", a-t-elle ajouté, disant désormais attendre la décision de l'ensemble de la Commission.
Didier Reynders a salué sur le même réseau social des avancées. "Des étapes internes vont suivre pour analyser les progrès réalisés", a-t-il souligné. "La balle est dans le camp de la Commission européenne", a poursuivi Judit Varga dans la soirée, lors d'une rencontre organisée à Bruxelles par le "think tank" MCC Brussels, financé par le gouvernement du Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban. "De notre côté, nous avons fait de notre mieux", a-t-elle dit.
"Je crois qu'avec ce résultat aujourd'hui, nous pourrons nous tenir à l'agenda que [le négociateur hongrois Tibor Navracsics] a mis en avant, c'est-à-dire que dans la deuxième partie de ce semestre nous puissions entrer véritablement dans la procédure d'obtention des fonds de cohésion, d'une partie des fonds de cohésion", a-t-elle dit.
"Prenons les choses une par une"
Au total près de 22 milliards de fonds de cohésion dus à la Hongrie pour la période 2021-2027 ont été suspendus en décembre dernier par l'UE à la réalisation par Budapest de réformes destinées à améliorer l'indépendance du pouvoir judiciaire, notamment. Ces réformes judiciaires font aussi partie des conditions pour le versement par Bruxelles des 5,8 milliards de subventions européennes prévues dans le plan de relance post-Covid de la Hongrie.
Les discussions entre Didier Reynders et Judit Varga ont porté spécifiquement sur ces derniers fonds, a précisé Christian Wigand, un porte-parole de la Commission lors d'un point de presse quotidien. "Prenons les choses une par une", a-t-il insisté. Bruxelles, qui s'inquiète de longue date d'un possible détournement des fonds européens et de la corruption en Hongrie, a fixé une feuille de route très stricte comprenant 27 "super jalons", dont plusieurs pour renforcer l'indépendance du système judiciaire et "éliminer les abus d'influence".
Parmi les mesures préconisées, il s'agit notamment de renforcer le pouvoir du Conseil national de la magistrature (OBT) "afin de limiter les décisions arbitraires dans la gestion des tribunaux", de réformer le fonctionnement de la Cour suprême et de se mettre en conformité avec le droit européen. En plein marasme économique alors que l'inflation est la plus élevée de l'UE (plus de 25% en mars sur un an), la Hongrie a besoin de cet argent de toute urgence.
Tout en saluant la fermeté affichée à Bruxelles, les militants anti-corruption ne se font guère d'illusions après plus de dix ans de transformation "illibérale" de ce pays d'Europe centrale de 9,7 millions d'habitants, sous l'égide du Premier ministre nationaliste Viktor Orban.