Et si votre accent régional nuisait à votre salaire?

L’accent chantant du sud-ouest, ou plus guttural des alsaciens, aussi mélodieux soient-ils à l’oreille, pénalisent très concrètement ceux qui parlent avec. Les personnes avec un fort accent régional seraient en effet moins payées que celles qui n’en ont pas, de 20% en moyenne selon une étude conjointe des universités de Chicago et de Munich. Un écart salarial comparable à celui entre les hommes et les femmes, souligne Quartz, qui rapporte l’affaire ce mercredi.
Pour cette étude, les chercheurs ont analysé la situation de quelques 950 personnes en Allemagne. Un pays choisi justement parce que chaque région y a son accent, très prononcé. Et surtout un pays où les accents ont cours aussi bien dans les régions à haut revenu qu’à bas revenu. Ce qui évite à l’étude d’être biaisée: le fait que le salaire de ceux qui ont un accent soit plus bas que les autres ne peut pas s’expliquer par le simple fait qu’ils vivent dans des régions plus pauvres.
En cause: la stigmatisation des accents
Mais alors qu’est-ce qui explique ce moindre revenu pour les personnes à accent? Ce serait lié à la stigmatisation dont ils sont l’objet, selon les auteurs de l’étude. Ils avancent par exemple que "les entreprises paieraient plus cher ceux qui n’ont pas d’accent pour les motiver à interagir avec des collègues sur lesquels ils ont des préjugés".
Autre explication: à cause des clichés véhiculés par leurs collègues et les clients, les travailleurs avec un accent fort auraient plus de difficultés à assumer leurs missions efficacement. Ce qui se répercuterait sur leur paie.
Toujours en raison des stigmatisations dont ils sont victimes, les personnes à fort accent rechercheraient en priorité des emplois qui impliquent peu d’interactions avec les autres. Des jobs souvent moins rémunérateurs, soulignent encore les chercheurs. Tandis qu’ils subiraient de la discrimination à l’embauche sur les emplois qui nécessitent le plus d’interactions sociales, les mieux payés.
D’où la conclusion des auteurs de l’étude: pour lutter contre ces écarts de salaires, il faut d’abord se battre contre les stéréotypes négatifs associés aux accents régionaux. Et en attendant, les travailleurs qui ont un fort accent peuvent toujours gagner autant que ceux qui n’en ont pas… à condition d’aller travailler dans un autre pays où leur accent ne sera reconnu par personne.