BFM Business
Union européenne

Brexit: l’impressionnante chute des exportations de l’industrie agroalimentaire britannique

Les exportations alimentaires du Royaume-Uni vers l'UE ont chuté de 75% en janvier

Les exportations alimentaires du Royaume-Uni vers l'UE ont chuté de 75% en janvier - BEN STANSALL

Selon les données de la Food and Drink Federation, les exportations britanniques vers l'UE de produits alimentaires et boissons ont dégringolé de plus de 75% en janvier.

Un effondrement net. Selon les chiffres dévoilés par la Food and Drink Federation (FDF), les exportations vers l’Union européenne de produits alimentaires et de boissons en provenance du Royaume-Uni ont chuté de 75,5% en janvier par rapport à la même période un an plutôt. Sous l’effet du Brexit essentiellement, elles sont ainsi passées d’un milliard (1,16 milliard d’euros) à 256 millions de livres (297 millions d’euros).

Dans le détail, les exportations britanniques de fromage vers l’UE en janvier ont baissé de 45 millions à 7 millions de livres (-85,1%), celles de whisky de 105 millions à 40 millions de livres (-63,1%) et celles de chocolat de 41,4 millions à seulement 13 millions de livres (-68%). Avec l’interdiction de certains crustacés en Europe, le commerce britannique de poisson au sein de l’UE a lui aussi dégringolé, passant de 25,2 millions à 5,3 millions de livres (-79%). Les exportations de saumon (-98%) ou de bœuf (-92%) se sont quant à elles quasiment arrêtées.

Premier marché de l’industrie agroalimentaire britannique en Europe, l’Irlande a perdu sa place avec une chute de près de 85% en valeur des produits alimentaires et des boissons importés depuis le Royaume-Uni en janvier. C’est finalement vers la France que les exportations ont été les plus importantes (53,3 millions de livres) malgré une net recul de 67,5%. Tandis que celles vers l’Allemagne ou les Pays-Bas ont respectivement plongé de 80,6% et 64,8%.

"Défis très difficiles"

"Il est extrêmement inquiétant de voir que nos exportations vers l'UE ont chuté de plus de 75% en janvier", a déclaré Dominic Goudie, responsable du commerce international de la FDF. Si la crise du Covid-19, en limitant les débouchés sur le continent, n’est pas totalement étrangère à ce déclin, ce sont bien les effets concrets du Brexit, officiel depuis le 1er janvier, qui sont principalement mis en avant pour expliquer une telle chute.

Craignant les perturbations à la frontière, nombreuses sont les entreprises à avoir fait des stocks "pré-Brexit" en décembre des deux côtés de la Manche. Ce qui a mécaniquement réduit leurs besoins le mois suivant. Mais les professionnels déplorent surtout les nouvelles règles commerciales complexes et coûteuses qui pénalisent sérieusement les échanges de produits alimentaires. Lesquels sont soumis à des contrôles stricts et nécessitent une certification sanitaire pour entrer dans l’UE:

"L’augmentation de la paperasse (…) pour les exportations alimentaires et agricoles vers l’UE présentent des défis très difficiles, en particulier pour les petites entreprises", a notamment regretté Lord Teverson, président du sous-comité de l’environnement de l’UE à la Chambre des Lords. Sans oublier que ces nouvelles contraintes encore floues pour beaucoup d’entreprises ont pu provoquer des retards importants de livraison, si bien que certains produits avaient clairement perdu en qualité une fois arrivés à destination.

Ces chiffres publiés par la FDF interviennent quelques jours après le premier bilan de l’Office statistique national (ONS) qui faisait état d’une baisse des exportations de biens britanniques vers l’Union européenne de près de 41% en janvier. Soit la plus forte chute observée depuis janvier 1997.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco