Brexit: l'Allemagne craint de voir sa contribution au budget européen doubler

Angela Merkel - Boris Roessler / POOL / AFP
L’Allemagne a fait les comptes, et ils ne sont pas vraiment rassurants. Selon les estimations du gouvernement d’Angela Merkel dévoilées dans le Financial Times et relayées par Les Échos, Berlin verra sa contribution nette au budget européen (différence entre ce qui est donné et ce qui est reçu) plus que doubler dans les prochaines années, passant de 13 milliards d’euros en 2020 à 33 milliards d’euros en 2027, dernière année du prochain budget de l’UE.
À l’origine de cette forte augmentation: le Brexit. En effet, pour combler le trou budgétaire lié au départ du Royaume-Uni (12 milliards d’euros environ), la Commission européenne prévoit de faire passer le budget de l’UE à 1,11% de son revenu national brut (RNB), contre 1,03% actuellement. Ce qui doit permettre à Bruxelles de renforcer la lutte contre le changement climatique et le contrôle des frontières européennes.
Le rabais budgétaire en passe d'être supprimé
En tant que première puissance européenne et principal contributeur au budget de l’UE, l’Allemagne s’attend donc à voir sa facture grimper en flèche. D’autant que le Brexit devrait s’accompagner de la suppression de la clause du rabais budgétaire dont bénéficient cinq pays, à savoir l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche, la Suède et le Danemark. Ce mécanisme de correction permet aujourd’hui à ceux qui en profitent de plafonner leurs contributions annuelles lorsqu'elles dépassent un certain seuil de leur RNB pour éviter les paiement "excessifs".
"En raison du Brexit et de la proposition de la Commission d’abolir le rabais, le fardeau financier de l’Allemagne augmenterait de manière disproportionnée par rapport aux autres États membres", a déploré le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz.
De leur côté, les Pays-Bas s’attendent à faire face à une augmentation de leur contribution nette de près de 75%, passant de 7,5 milliards d’euros aujourd’hui à 13 milliards d’euros en 2027. À l’inverse, la hausse de la contribution de la France, qui ne jouit pas de ce rabais budgétaire, serait plus limitée: de 7,5 milliards d’euros actuellement à un peu plus de 10 milliards d’euros dans sept ans. Notons par ailleurs que la France est le principal contributeur au rabais britannique.
"Tout le monde contribuera à parts égales"
L’Union européenne assure pour sa part qu’elle n’a pas encore calculé la hausse des contributions nettes des États membres. La porte-parole de la Commission Mina Andreeva a également indiqué que les bénéficiaires du rabais versaient aujourd’hui "une part de leurs revenus au budget de l’UE inférieure à celle des autres États membres, alors qu’ils font partie des huit premiers pays les plus riches de l’UE".
Elle estime en outre que, sans le rabais, ces cinq États membres paieraient en moyenne 0,91% du RNB entre 2021 et 2027, contre 0,9 pour les 22 autres pays. "Selon notre proposition, tout le monde contribuera à parts égales", a-t-elle ajouté.
Les prochaines discussions budgétaires s’annoncent donc particulièrement difficiles. Les pays bénéficiaires du rabais réclament le maintien de ce mécanisme de correction ainsi qu’une participation plafonnée à 1% du RNB. Un seuil qu’Emmanuel Macron a d’ores et déjà jugé trop bas pour permettre à l’Union européenne de se comporter comme une vraie puissance "geopolitique".