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Union européenne

Brexit: Boris Johnson confronté à la grogne en Irlande du Nord

Le Premier ministre britannique Boris Johnson sort du 10 Downing Street, le 30 décembre 2020 à Londres

Le Premier ministre britannique Boris Johnson sort du 10 Downing Street, le 30 décembre 2020 à Londres - Tolga Akmen © 2019 AFP

Lors d'une visite en Irlande du Nord ce vendredi, Boris Johnson a fait face au mécontentement qui agite la province britannique en raison des nouvelles règles post-Brexit.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est trouvé confronté ce vendredi, lors d'une visite en Irlande du Nord, au mécontentement croissant dans la province britannique au sujet des conséquences du Brexit.

Favorable à un abandon pur et simple des contrôles sur les marchandises en provenance de Grande-Bretagne, la Première ministre nord-irlandaise Arlene Foster (DUP - unioniste) a jugé "intolérable" les dispositions entrées en vigueur depuis le 1er janvier. De son côté, la vice-Première ministre Michelle O'Neill (Sinn Fein - parti républicain favorable à la réunification de l'Irlande), a refusé d'accueillir Boris Johnson lors de son arrivée à Belfast, lui reprochant son "approche téméraire et partisane" vis-à-vis du protocole nord-irlandais.

Partie intégrante de l'accord de divorce entre Londres et Bruxelles, ce texte est destiné à éviter le retour d'une frontière entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande, membre de l'UE. Cela risquerait de mettre en péril la paix signée en 1998 après trois décennies de conflit meurtrier entre loyalistes, attachés à la couronne britannique, et républicains.

Riposte de l'UE

A peine deux mois plus tard, des décisions unilatérales du gouvernement de Boris Johnson, qui a repoussé certains contrôles sur les arrivées de marchandises de Grande-Bretagne dans la province, ont suscité colère et préparation d'une riposte judiciaire du côté européen. "Nous prenons des mesures légales et techniques pour construire la confiance", a déclaré le Premier ministre. "C'est la bonne chose à faire vu l'impact sur l'accord (de paix) du Vendredi Saint et le besoin d'avoir le consentement des deux communautés". Mais la situation actuelle semble ne satisfaire personne.

Faute d'obtenir une entrevue avec Boris Johnson et la cheffe du Sinn Fein Mary Lou McDonald, Michelle O'Neill, vice-présidente du parti, a refusé de le rencontrer. Après s'être entretenu avec lui, Arlene Foster, cheffe du parti unioniste ultra-conservateur DUP, a souligné les dommages du décrié protocole sur la société et l'économie: "Il faut une solution permanente pour que les entreprises puissent prévoir et que l'intégrité du marché intérieur britannique soit rétablie".

Depuis l'entrée en vigueur du protocole, la police a mis en garde sur l'atmosphère "fébrile" qui monte dans la province. Le mois dernier, des menaces contre le personnel chargé de mener les contrôles ont justifié leur retrait temporaire. L'incident a ravivé le souvenir des trois décennies des "Troubles", qui ont fait 3500 morts.

Avant la visite de Boris Johnson a été dévoilé le programme des célébrations du centenaire de l'Irlande du Nord, restée sous la couronne britannique alors que le reste de l'île est devenu indépendant. Il est peu probable que l'anniversaire soit célébré par les républicains, qui jugent injuste la partition de l'Irlande.

P.L. avec AFP