Agriculture: Bruxelles propose des "mesures de sauvegarde" pour limiter les importations d'Ukraine

La Commission européenne a pris des mesures pour les agriculteurs. - dr
Bruxelles a proposé mercredi d'accorder une dérogation partielle aux obligations de jachères dans l'UE et d'intervenir pour limiter toute hausse incontrôlable des importations agricoles ukrainiennes, offrant des gages aux agriculteurs qui manifestent à travers l'Europe.
Depuis l'exemption de droits de douane accordée au printemps 2022 par l'UE, l'afflux de produits agricoles ukrainiens (céréales, œufs, poulets, sucre…) provoque la colère des agriculteurs. Ces derniers les accusent de plomber les prix sur les marchés locaux et d'entretenir une concurrence "déloyale" en s'abstenant de certaines normes européenne (pesticides, volailles élevées en masse...).
La Commission européenne a proposé de renouveler pour une année supplémentaire, entre juin 2024 et juin 2025, cette exemption de droits de douane accordée à l'Ukraine, toujours minée par son conflit avec la Russie. Mais en l'assortissant de "mesures de sauvegarde" renforcées pour limiter l'impact sur les marchés et les répercussions pour les agriculteurs de l'UE, selon le texte qui sera désormais soumis aux Etats membres et eurodéputés.
"Effets localisés"
"Nous sommes sensibles aux inquiétudes des États comme du monde agricole (...) Même si notre surveillance ne montre aucun impact négatif sur l'ensemble du marché européen, nous sommes conscients d'effets plus localisés", a reconnu le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas. Pour y remédier, les "mécanismes de sauvegarde renforcés" permettront d'adopter "des mesures correctives rapides" en cas de perturbations importantes sur le marché européen, y compris lorsqu'elles ne concernent qu'un ou plusieurs Etats.
Des mesures qui resteront supervisées par Bruxelles, à rebours de l'embargo unilatéral décidé par cinq Etats riverains, Pologne en tête, au printemps 2023 au grand dam de la Commission, seul gendarme de la politique commerciale de l'UE. Surtout, pour les produits jugés "sensibles" – volaille, œufs et sucre – un "frein d'urgence" est prévu pour "stabiliser" les importations aux volumes moyens importés en 2022 et 2023, niveaux au-delà desquels des droits de douane seraient réimposés.