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Société Générale : douche froide pour le secteur bancaire

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- - JEAN AYISSI / AFP

L'avertissement de la Société Générale confirme la fin d'année difficile que connaît l'ensemble du secteur bancaire au niveau mondial.

2018 annus horribilis pour le secteur bancaire? Au vu des secousses qui ont agité les marchés financiers en fin d'année, les banques commencent à en jauger l'impact sur leurs comptes. Et après Natixis, c'est au tour de Société Générale de mettre en garde les investisseurs.

La banque est contrainte à un avertissement sur ses activités de marché : elle dit s'attendre à un repli de 20% des revenus issus de cette activité sur le 4ème trimestre de l'année. En outre, elle va inscrire sur la période une charge exceptionnelle de 240 millions d'euros, en raison de la mise en place de nouvelles normes de comptabilisation pour les cessions d'actifs (IFRS-5).

Acquis de croissance

Pour le reste de ses activités, banque de détail, conseil, financement, les précédentes projections sont maintenues. Le dividende sera stable pour l'année, à 2,20 euros, et payable au choix en actions ou cash. Le ratio de solvabilité financière Core Tier One sera compris au terme de l'année entre 11,4 et 11,6%.

Au-delà des facteurs réglementaires ponctuels, la banque paye au prix fort son exposition à la forte dégradation des marchés financiers en fin d'année. Une déconvenue d'autant plus rageante que l'acquis de croissance de la Société Générale était conséquent sur le 3ème trimestre, avec un bénéfice net en hausse de 32,4% à 1,2 milliard d'euros, et un produit net bancaire en hausse lui aussi, 9,6% à 6,5 milliards d'euros. A ce moment-là, la dynamique à l'international restait forte, et tout le secteur en avait profité.

Retournement de tendance violent

Mais c'était sans compter le brusque retournement de tendance des marchés, sur fond d'interrogations toujours pressantes autour de la croissance mondiale, du climat de guerre commerciale, d'incertitudes sur les perspectives de politique monétaire pour la FED et la BCE, et de la volatilité générale qui a touché les marchés d'actions, de changes et de taux.

Un contexte très compliqué qui va sans doute entraîner une série de mauvaises nouvelles. Dernièrement BNP Paribas aurait essuyé des pertes conséquentes dans ses activités obligataires aux Etats-Unis en fin d'année, selon l'agence Bloomberg (environ 80 millions de dollars).

Les banques américaines résistent mieux

Natixis fin décembre avait averti également que ses revenus allaient baisser d'environ 10%, après une mauvaise performance de ses activités notamment en Asie. Les publications de résultats du secteur européen, dans quelques semaines, devraient confirmer la tendance.

Des signaux de fragilité préoccupants, alors que de l'autre côté de l'Atlantique, les banques américaines semblent mieux résister. Malgré des résultats inférieurs aux attentes, les bénéfices trimestriels de JPMorgan atteignent un niveau record, tout comme ceux de Goldman Sachs, Bank Of America, Citigroup et Wells Fargo.