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Réforme des retraites: la CGT et la CFDT agacés par la lenteur des débats à l'Assemblée

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Les centrales syndicales n'apprécient guère le tempo de l'examen du projet de loi sur la réforme des retraites dans l'hémicycle, impulsé notamment par La France insoumise et ses nombreux amendements.

L'agacement commence à poindre chez les syndicats. Après quatre jours d'échanges très houleux à l'Assemblée nationale la semaine dernière, les discussions sur la réforme des retraites reprennent ce lundi après-midi, mais les députés ne sont pas certains de pouvoir examiner l'ensemble du texte d'ici la date limite, fixée à vendredi minuit.

Il faut dire que La France insoumise a déposé des milliers d'amendements, dont il faut débattre dans l'hémicycle. Au risque de ne pas parvenir à étudier le fameux article 7, qui entérine le recul de l'âge de départ à la retraite à 64 ans, au grand dam des syndicats mobilisés contre la réforme.

"Nous souhaitons qu'il y ait un vote sur cet article 7", a insisté Philippe Martinez, ce lundi sur BFMTV.

"Peut-être qu'à un moment, on peut supprimer des amendements", a suggéré le numéro 1 de la CGT. "Nous souhaitons que chaque député puisse s'exprimer là-dessus."

16.000 amendements à examiner en 5 jours

Le groupe insoumis dirigé par Mathilde Panot a déposé 13.000 amendements contre la réforme de l'âge de départ à la retraite sur un total de 20.000. Il en reste un peu moins de 16.000 à examiner d'ici vendredi soir, date à laquelle le gouvernement transmettra le texte au Sénat, qu'il y ait vote ou non à l'Assemblée, en s'appuyant sur l'article 47.1 de la Constitution.

"L'obstruction, c'est une connerie", a tancé Laurent Berger ce dimanche sur RTL.

"Il ne faut pas faire ça", a poursuivi le secrétaire général de la CFDT, au lendemain d'une mobilisation massive des opposants à la réforme. "Les gens dans la rue sont responsables, ils expriment un mécontentement, un rejet des 64 ans et on ne débattrait pas de cet article à l'Assemblée nationale? Ce n'est pas possible."

Pour l'instant, l'Assemblée nationale n'a adopté que l'article premier du projet de loi, qui en contient 20 au total. Autant dire que si La France insoumise ne révise pas sa stratégie d'ici la fin de la semaine en retirant des amendements, il est très peu probable que l'article 7 sur les 64 ans soit examiné.

"Le débat pourrait durer deux mois"

Dans les rangs de La France insoumise, on assume pour l'instant la stratégie en renvoyant la balle dans le camp du gouvernement.

"Vous venez pleurer parce que le débat pourrait durer 2 mois (en étudiant tous les amendements, NDLR) alors que vous demandez aux Français de travailler 2 ans de plus", a ainsi lancé dans l'hémicycle le député LFI Damien Maudet.

Le parti rappelle également avoir demandé au bureau de l'Assemblée nationale de permettre aux députés de siéger samedi et dimanche pour permettre aux débats de continuer. Sans succès.

En dépit des critiques visant La France insoumise, les syndicats eux-mêmes semblent avoir acté que la bataille se menait bien plus dans la rue qu'à l'Assemblée nationale. Après une cinquième journée de mobilisation prévue ce jeudi, tous les syndicats appellent à "mettre la France à l'arrêt" à partir du 7 mars prochain, date à partir de laquelle le texte arrivera au Sénat. Une première dans l'histoire syndicale française.

Marie-Pierre Bourgeois