Pourquoi les ambulanciers sont-ils en colère?
Paris, Marseille, Lille, Nancy, Dijon, Strasbourg… Les ambulanciers ont mené des opérations escargots un peu partout sur les routes de France lundi, à l'appel de plusieurs syndicats. Ce mardi, les CRS sont intervenus sur le périphérique parisien pour déloger une centaine d'ambulances qui avaient passé la nuit sur place.
Ces professionnels manifestent ainsi leur colère vis-à-vis de la réforme du financement des transports sanitaires entre établissements de santé. Depuis le 1er octobre 2018, date d'entrée en vigueur de l'article 80 du projet de loi de financement de la sécurité sociale, les hôpitaux prennent en charge les coûts des transports sanitaires. Jusqu'alors, c'était les malades qui choisissaient leur prestataire lorsqu'ils devaient par exemple se rendre à une séance de chimiothérapie ou bien se faire hospitaliser, et se faisaient ensuite rembourser par l'Assurance maladie.
Une facture de 4,6 milliards d'euros
Cette centralisation de la gestion des transports a été mise en place dans une optique de réduction des coûts. Sur la dernière décennie, la facture pour ce poste n'a cessé d'augmenter, pour atteindre 4,8% de croissance par an, alors que dans le même temps les dépenses générales de santé reculaient. L'année dernière la facture s'est élevée à 4,6 milliards d'euros.
Selon la Cour des Comptes, les prescriptions de transport injustifiées coûtent pas moins de 220 millions d'euros par an. L'Assurance maladie a multiplié les contrôles auprès des généralistes un peu trop enclins à prescrire un transport en ambulance, renégocié les tarifs des conventions passées avec les prestataires de transport. Jusqu'à franchir un nouveau palier en confiant la gestion des transports aux établissements de santé. A charge pour eux d'établir un cahier des charges et de passer des appels d'offres pour trouver les prestataires les mieux disant.
Mais ce nouveau système inquiète les ambulanciers, artisans ou TPE. Avec ce nouveau système, ils craignent de ne pas faire le poids face aux grandes compagnies de taxis et d'ambulances qui auront les moyens de rogner leur marge et la flotte de véhicules suffisante pour répondre aux volumes de trajets demandés par les grands centres hospitaliers.
"Ça fait 10 mois que je suis à fond, au taquet, 15 heures par jour, pour essayer de sauver cette société. On ne peut pas faire des rabais, vous vous rendez compte, ce n'est pas faisable", explique Sandrine qui travaille seule avec son fils qui craint de devoir fermer sa société sur RMC
"Aujourd’hui on a beaucoup moins d’appels des hôpitaux, des grandes sociétés passent des contrats avec des hôpitaux et malheureusement tout est vu au rabais pour nous petites sociétés", explique sur BFM Paris Olivier Bonamy, ambulancier.
Des inquiétudes qu'a rejeté Agnès Buzyn, ministre de la santé. Aux inquiétudes des ambulanciers de voir leur profession "ubérisée", elle a répliqué avoir été vigilante pour protéger leur activité et met en avant sa volonté de rationaliser les transports, tout en continuant à travailler sur le sujet.