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Les prud'hommes condamnent Airbus pour avoir licencié un ouvrier qui avait dessiné son DRH

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Un ouvrier d'Airbus avait été licencié par l'avionneur en 2017 qui avait fait deux caricatures de son DRH. Le conseil des prud'hommes de Nantes a considéré qu'Airbus a porté atteinte à la liberté d'expression de son salarié et doit le réintégrer.

Se moquer dans son employeur avec un dessin est-il un motif valable de licenciement? Dans le cas d'espèce suivant ce n'est pas justifié, a jugé le Conseil des prud'hommes de Nantes, dans une décision reprise par Ouest France. Airbus avait licencié en 2017 Grégory Auguste, un ouvrier de 39 ans qui avait 14 ans d'ancienneté. Le motif: ces dessins caricaturaient selon l'avionneur "le cadre des ressources humaines de façon blessante, injurieuse et excessive."

Airbus
Airbus © CGT Airbus

Sur le premier, le dessinateur fait un autoportrait où on le voit en larmes avec cette légende: "Ouvrier sérieux, travailleur, innovant, abîmé physiquement mais cherche poste désespérément." Sur le second, le responsable des ressources humaines est croqué en personnage du Joker dans Batman en train de jeter des salariés dans une poubelle.

Des dessins que le salarié avait réalisé alors qu'il était en conflit avec sa hiérarchie. Souffrant de problème de santé, le salarié s'était mis en mi-temps thérapeutique et voulait pouvoir prendre tous ses mercredis en utilisant son compte épargne temps. Cette demande lui avait été refusée par son responsable des ressources humaines.

Il devra être réintégré à l'entreprise

C'est donc dans ce contexte que Grégory Auguste a réalisé ces deux dessins qu'il a montré à des collègues. Connu pour ses talents de dessinateur, l'ouvrier avait même réalisé des croquis à la demande de la direction pour illustrer de nouveaux aménagements au sein de l'entreprise. Sauf que les dessins en question ont atterri sur le bureau du responsable des ressources humaines. La compagnie lui notifie son licenciement fin décembre 2017. 

Décision contestée par le salarié devant les prud'hommes de Nantes qui viennent donc de lui donner raison. Airbus a porté atteinte à la liberté d'expression du salarié ainsi qu'à celle de la CGT dont faisait partie Grégory Auguste. Airbus est condamné à le réintégrer ou, si c'est impossible, à lui verser 37.000 euros de dommages et intérêts.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco