Les grosses collectivités plus touchées que les petites: l'absentéisme dans la fonction publique continue de grimper et atteint 6,1% (contre 5,1% dans le privé)

médecin (image d'illustration). - Louisehoffmann83- CC
Les agents publics vont mal. Après une année de stabilisation en 2023, le taux d'absentéisme repart à la hausse dans la fonction publique en 2024, pour atteindre 6,1%, selon le baromètre annuel de la société de courtage en assurance WTW publié ce jeudi 2 octobre. À titre de comparaison, il est de 5,1% dans le secteur privé, selon une autre étude de WTW. Il est globalement en hausse depuis le Covid.
L'organisme différencie deux catégories de motifs d'absence: les maladies ordinaires et les accidents de travail. Le taux d'absentéisme pour maladie ordinaire atteint 4,7%, en hausse de 0,3 point par rapport à 2023. Cette progression s’explique principalement par l’allongement de la durée des arrêts, qui atteint 34 jours en moyenne (+1,5 jour vs 2023).
Alors que les arrêts courts (1 à 10 jours) reculent, les arrêts de longue durée progressent fortement. Ils ne représentent que 24% des arrêts, mais concentrent plus de 80% du volume total de jours d’absence. Il s'agit donc d'un point de vigilance particulier pour les collectivités.
Ces arrêts longs traduisent à la fois une problématique liée à l'usure professionnelle mais aussi une dégradation de la santé mentale et "une place croissante des risques psychosociaux (stress, burn-out, surcharge de travail, conciliation vie privée/vie professionnelle)".
Allongement des carrières, séniors en danger
Tous les agents ne sont pas touchés uniformément par cette hausse de l'absentéisme. Les arrêts pour maladie ordinaire sont stables chez les moins de 50 ans mais connaissent une forte augmentation chez les plus de 50 ans, atteignant 7,4% (contre 7% en 2023).
Il s'agit de la "conséquence directe de l’allongement des carrières et de l’usure professionnelle", selon WTW.
C’est également sur cette tranche d’âge qu’on observe la fréquence (66%) et la durée moyenne d’absence (41 jours) les plus élevées. D'où la nécessité d'agir sur la prévention et d'anticiper les reconversions.
"Dans un contexte d’allongement des carrières et de fortes contraintes budgétaires, les collectivités doivent faire de la prévention un pilier central de leur organisation afin de préserver la santé des agents et d’assurer la continuité du service public", exhorte Noémie Marciano, directrice assurance des personnes chez WTW en France.
Une dilution du sentiment d’appartenance dans les grandes collectivités
L’absentéisme est par ailleurs plus marqué au sein des grandes collectivités. Ce que WTW explique en partie par la taille même de ces structures qui "peut diluer le sentiment d’appartenance, en particulier chez les jeunes générations ou les nouveaux arrivants, et rendre l’absence d’un agent moins visible et donc plus facilement acceptable".
"À l’inverse, dans les petites collectivités, l’impact immédiat d’une absence sur le service rendu et le lien direct avec les administrés incitent les agents à recourir à l’arrêt avec davantage de retenue", explique le baromètre.
Enfin, le taux d’absentéisme lié aux accidents de travail (ATMP), le deuxième motif recensé, reste stable à 1,4% en 2024, un niveau observé depuis 2019. Toutefois, la durée moyenne des arrêts augmente à 84 jours (+2 jours par rapport à 2023 et +5 jours par rapport à 2021). Ce qui alourdit la charge financière et organisationnelle pour les collectivités.
* L’Observatoire de l’absentéisme dans les collectivités territoriales est une analyse qui s’appuie sur les données collectées en maladie ordinaire et accident de travail déclarés par les collectivités assurées auprès de WTW en France sur l’année civile 2024. L’analyse porte sur un panel de 10.000 collectivités employant 258.000 agents.