BFM Business
Social

Grèves: avec l’inflation, les revendications liées à la rémunération en forte hausse

placeholder video
Parmi les entreprises ayant connu au moins une grève en 2021, 73% ont été confrontées à des revendications salariales. Soit 25 points de plus qu'un an plus tôt, selon une enquête de la Dares.

Avant que le retrait de la réforme des retraites ne s’impose comme la première revendication des mouvements sociaux les plus récents, c’est la défense du pouvoir d’achat qui a motivé l’essentiel des grèves ces derniers mois.

L’an dernier en effet, les conflits portant sur les salaires se sont propagés dans plusieurs secteurs d’activité. Ce mouvement a même débuté dès 2021, lorsque l'inflation a fait son retour au sortir de la crise Covid. Cette année-là, 73% des entreprises concernées par au moins un arrêt collectif de travail ont indiqué que les rémunérations figuraient parmi les motifs de grève, selon une étude de la Dares. C’est 25 points de plus qu’en 2020 et 32 de plus qu’en 2019.

Les revalorisations salariales se sont ainsi imposées en 2021 comme la principale revendication des salariés en grève, devant les revendications liées aux conditions de travail (31% des entreprises concernées par au moins une grève, +7 points), à l’emploi (13%, -1 point) et au temps de travail (11%, +2 points).

D’une manière générale, les revendications portant sur des motifs extérieurs à l’entreprise ont été moins fréquentes en 2021 avec 64% des entreprises ayant connu au moins une grève concernées, contre 69% en 2020. A l’inverse, 47% ont indiqué que les revendications portaient sur des motifs propres à l’entreprise, soit une hausse de 5 points par rapport à 2020.

Au-delà du retour de l’inflation qui se traduit logiquement par une recrudescence des revendications salariales, l'augmentation des protestations en lien avec des motifs internes s’explique aussi par la chute des revendications portant sur la réforme des retraites, lesquelles ont concerné 40% des entreprises confrontées à au moins une grève en 2019 et 16% en 2020, lorsque la réforme instaurant un système universel par points était encore d’actualité. A noter que dans 11 % des entreprises, les motifs sont à la fois internes et externes, comme en 2020.

Les grandes entreprises davantage confrontées aux grèves

En 2021, 1,6% des entreprises de 10 salariés ou plus du secteur privé ont connu au moins un mouvement de grève. C’est un tiers de plus qu’en 2020. Ces entreprises employaient à elles seules 21% des salariés du privé non agricole. De fait, les grandes entreprises sont davantage concernées par les conflits sociaux: 27,2% de celles comptant 500 salariés ou plus ont été confrontées à au moins une grève en 2021, contre seulement 0,5% de celles comptant entre 10 et 49 salariés.

L’industrie est le secteur le plus touché par les grèves avec 3% des entreprises industrielles concernées par au moins un arrêt de travail collectif en 2021. Avec toutefois des disparités, notamment entre la fabrication de matériels de transports (10,2% des entreprises confrontées à au moins une grève, +1 point) et la fabrication alimentaire (2,2% des entreprises, +1,3 point).

Dans le tertiaire, c’est dans l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale privés que les grèves sont le plus répandues (5,4% des entreprises, +2 points), contrairement à la construction où elles demeurent rares (0,1% des entreprises concernées).

58 jours de grève pour 1000 salariés en 2021

Si davantage d’entreprises ont été concernées par des grèves en 2021, ces mouvements ont vu leur "intensité" baisser, selon la Dares qui se base sur la durée des conflits et le nombre de salariés qui y prennent part. Ainsi, avec 58 journées non travaillées pour 1000 salariés, l’intensité des grèves a baissé de 13% par rapport à 2020 (67 jours) et de 64% par rapport à 2019 (161 jours).

Si l’on se concentre uniquement sur les entreprises ayant connu au moins un mouvement de grève en 2021, le nombre de journées non travaillées pour 1000 salariés s’élèvait à 283, en baisse de 23% par rapport à 2020 (368) et de 56% par rapport à 2019 (646).

C’est dans le secteur de l'industrie (89 jours) et plus précisément du transport et entreposage que les grèves ont été les plus dures avec 325 jours non travaillés pour 1000 salariés (448 en 2020). A l’inverse, on en comptait que 3 pour 1000 salariés dans la construction. Enfin, le secteur tertiaire est proche de la moyenne avec 55 jours non travaillés pour 1000 salariés en 2021.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco