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De combien vont augmenter les salaires des infirmiers en 2024?

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L'enveloppe de 1,1 milliard d'euros prévue pour revaloriser les salaires en 2024 doit permettre de rendre plus attractif le travail de nuit et le dimanche des soignants. Pour une infirmière ou un infirmier qui fait dix à douze nuits par mois, le gain se comptera en centaines d'euros sur son bulletin de salaire.

Plus d’un milliard d’euros vont être consacrés l’an prochain à une nouvelle revalorisation du salaire des soignants. Avec cette fois une priorité, revaloriser les infirmiers et les aides-soignants qui travaillent de nuit, les week-ends et les jours fériés. Rappelons qu’aujourd’hui, dans le public, pour chaque heure effectuée entre 21h00 et 6h00 du matin, une prime leur est versée.

Pour les infirmiers, son montant diffère qu’il s’agit d’un travail normal ou un travail intensif (service des urgences, par exemple). Au mieux, cette prime peut ainsi atteindre 2,14 euros de l’heure, soit 17,12 euros pour une garde de nuit de huit heures. Alors que dans le privé, un infirmier qui travaille de nuit voit son salaire majoré de 15%.

Travail de nuit: le salaire majoré de 25%

Or quand vous êtes infirmier, plus vous avez d’ancienneté, plus votre salaire augmente. Dans le public, pour 35 heures par semaine, un débutant touchera 1900 euros brut (sans les primes) et si, ils ne se sont pas spécialisés durant leur carrière, ses collègues les mieux payés, perçoivent un salaire de base de 3500 euros. Ainsi, le montant de la prime étant fixe, plus on avance en âge, moins ce complément de salaire peut inciter à sacrifier sa vie de famille en acceptant des gardes de nuit.

Avec la modification annoncée ce jeudi par Elisabeth Borne, cette règle va changer à compter du 1er janvier prochain. En travaillant de nuit, un infirmier verra son salaire majoré de 25%. De même pour les aides soignants. Et pour le travail le dimanche et les jours fériés, on reste sur une logique de prime fixe, augmenté de 20%.

200 à 500 euros de plus sur la fiche de paie pour 10 à 12 nuits par mois

Le gain financier qu’engendra cette revalorisation va donc dépendre de plusieurs critères: ancienneté, nombre de nuits et de dimanche travaillés. Ainsi une infirmière qui fait dix à douze nuits par mois va voir son salaire brut augmenter de plus de 200 euros si elle est débutante. Tandis que sa collègue, en fin de carrière, percevra quasiment 500 euros brut de plus.

Ce nouveau coup de pouce est censé rendre ce métier plus attractif aux yeux des jeunes. Aujourd’hui 21% des élèves infirmiers abandonnent avant d’obtenir leur diplôme. Notamment quand ils prennent conscience durant leur stage de ce que va être leur travail. Cette revalorisation pourrait aussi permettre aux hôpitaux publics de mieux fidéliser leur personnel. Dans une récente étude, il ressort en effet que 54% seulement des infirmiers sont encore en poste dix ans après leur entrée à l’hôpital.

Limiter le recours aux infirmiers intérimaires payées 250 euros la nuit

Difficulté à recruter des jeunes, fuite d’une partie du personnel soignant... Pour éviter de devoir fermer des lits ou des services d’urgence paradoxe, les hôpitaux en sont venus à multiplier les recours à l’intérim. Des vacataires payés parfois 250 euros la nuit. Un cercle vicieux. Car les infirmiers en poste ont encore moins envie de faire des nuits payées deux fois moins bien que leurs collègues "mercenaires".

Toute la question est de savoir si cet effort consenti pour augmenter le personnel titulaire et tenter ainsi de fidéliser les anciens tout en en attirant plus facilement de nouveaux permettra d’enrayer ce cercle vicieux.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco