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Coupures d'électricité: quand la CGT rate sa cible à Saint-Denis

Une coupure massive de courant lancée par la CGT, qui visait le Stade de France et le village olympique à Saint-Denis jeudi, a privé d'électricité un centre médical et des restaurateurs.

Les coupures volontaires de courant sont censées être ciblées, mais il arrive que la CGT tire à côté. C'est ce que les énergéticiens de la CGT appellent les "dommages collatéraux". Jeudi, une coupure massive a visé le Stade de France et le chantier du village olympique à Saint-Denis (Île-de-France).

Mais plusieurs bâtiments alentours ont également été touchés. C'est le cas d'un centre de santé, privé de courant pendant deux heures. L'établissement n'avait pas de solutions de secours et certains patients n'ont pas pu être pris en charge.

"On ne peut pas attaquer un centre médical"

"Les dentistes ne pouvaient pas faire de soins. Il y a eu des patients avec des rages de dent qui ont dû rentrer chez eux", témoigne une employée du centre de santé. "En plus l'ascenseur ne fonctionnait pas, donc les patients avec des douleurs aux jambes ou avec une chaise roulante ne pouvaient pas monter", explique-t-elle.

Un autre membre du personnel dit "comprendre les réactions de la CGT" à la réforme des retraites "mais pas ces réactions-là". "On ne peut pas attaquer un centre médical", affirme-t-il.

Une boulangerie perd 2000 euros en trois heures

S'il n'y avait pas de volonté de couper l'électricité de ce centre de santé, l'alimentation a été délibérément coupée aux abords du Stade de France donc dans tout le quartier. Après les coupures, les énergéticiens savaient que des usagers allaient être touchés.

"Je pense qu'il y a des habitations autour du Stade de France qui ont dû être coupées, malheureusement", confiait jeudi Frédéric Probel, secrétaire général de la CGT Energie Bagneux auprès de BFMTV.

"On s'en excuse. Ne vous inquiétez, pas ça va revenir dans deux heures et c'est pour le bien commun", a-t-il tenté de rassurer. "C'est pour qu'on parle de nous et qu'on essaie de faire passer des messages", a-t-il ajouté.

Un autre bâtiment, qui abrite les locaux de Plaine Commune Habitat, un organisme qui gère 20.000 logements sociaux pour des familles précaires, a également été touché. La coupure, qui n'avait pas été prévue par la CGT, n'a pas eu de grande conséquence sur l'organisme.

Ceux qui ont le plus pâti de cette coupure sont les commerçants et les restaurateurs. Une boulangerie par exemple a perdu 2000 euros en l'espace de trois heures. Pas de chance, la coupure est tombée à l'heure du déjeuner. La caisse ne fonctionnait plus et tous les produits réfrigérés ont été mis à la poubelle.

Des opérations "électricité gratuite"

"Il n'y a rien qui marchait, pour un restaurant c'est vraiment pas cool", relate un autre restaurateur. "Surtout que nous on est là pour bosser, c'est pas nous qui créons tous ces problèmes-là mais c'est nous qui prenons. Je ne comprends pas", déplore-t-il.

Autre entreprise impactée: la SNCF. À Saint-Denis, plusieurs bâtiments ont même dû être évacués en début d'après-midi, selon un mail envoyés à tous les collaborateurs que BFMTV a pu consulter.

"Plus les cibles sont larges plus il peut y avoir d'effets collatéraux", a réagi Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT ce vendredi sur BFMTV. C'est un petit peu embêtant puisqu'ils sont pas ciblés bien évidemment maintenant c'est pas catastrophique non plus", a-t-elle tenté de relativiser.

La CGT dit aussi également mener des opérations "électricité gratuite", notamment dans des hôpitaux en région parisienne, mais elles sont moins visibles.

Marius Bocquet