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"C'est une réforme criminelle": Sophie Binet fustige la réforme de l'assurance chômage

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Invitée de la matinale de LCI, la secrétaire générale de la CGT a de nouveau dénoncé la nouvelle réforme de l'assurance-chômage menée par le gouvernement alors que "la conjoncture se dégrade" sur le front de l'emploi.

Sophie Binet reste vent debout contre la réforme de l'assurance-chômage dont les modalités ont été présentées par le gouvernement il y a quelques jours. Sur le plateau de LCI, la secrétaire générale de la CGT a fait part de son incompréhension vis-à-vis de ce texte qui survient selon elle dans un contexte tout sauf propice : "C'est une réforme criminelle, car on est dans un moment où les licenciements repartent à la hausse. La CGT a publié la semaine dernière la liste des 130 plans de licenciement en cours et il nous en manque."

"Faire une réforme aussi violente dans ce contexte, c'est scandaleux et en plus ça repose sur des mensonges. Jamais une réforme de l'assurance-chômage n'a permis de créer des emplois et de lutter contre le chômage et la précarité."

"Le gouvernement réforme sans discontinuer l'assurance-chômage depuis qu'il a été élu et n'a même pas évalué ses précédentes réformes, rappelle-t-elle. De notre point de vue, rien ne justifie un tel acharnement sur les chômeurs. Surtout, la conjoncture ne s'améliore pas et se dégrade." Elle cite notamment de récents chiffres de la Dares faisant état d'une hausse de 15% des licenciements économiques au premier trimestre. La leader syndicale souligne par ailleurs qu'"il n"y a jamais eu autant de contrats courts en France": "Au lieu de lutter contre la précarité, on lutte contre les précaires."

Cibler les grands groupes qui licencient malgré leurs bénéfices

Pour lutter contre le chômage, Sophie Binet préconise plutôt de s'attaquer aux "grandes entreprises qui font des bénéfices" et cite l'exemple du groupe Stellantis qui pourrait supprimer 400 emplois chez l'un de ses sous-traitants, MA France. "Ils sont menacés de licenciement par Stellantis qui fait des bénéfices records et dont le patron vient de s'attribuer une rémunération de 36 millions d'euros, déplore la secrétaire générale cégétiste. On voit que l'entreprise a beaucoup d'argent, qu'elle distribue énormément à ses actionnaires et bénéficie d'énormément d'aides publiques et qu'en même temps, elle ne joue pas le jeu de l'emploi en France."

"La première chose que devrait faire le gouvernement, c'est interdire les licenciements par les entreprises qui distribuent de l'argent à leurs actionnaires et suspendre les aides publiques aux entreprises qui ne jouent pas le jeu en matière sociale et environnementale."

Enfin, Sophie Binet a encouragé les salariés à se mobiliser en vue des Jeux olympiques alors que certaines questions de l'organisation syndicale "n'ont pas trouvé de réponse" à moins de deux mois de la cérémonie d'ouverture. "Aujourd'hui, le seul moyen de se faire entendre avec ce gouvernement et ce patronat de plus en plus autoritaires, c'est de se mobiliser et le cas échéant de faire grève, estime-t-elle. Ce qui paye, c'est l'action syndicale et le rapport de force."

Timothée Talbi