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Au rythme actuel, l'égalité salariale entre hommes et femmes sera atteinte en 2069

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Bien qu'en baisse d'environ 0,5 point par an, l'écart de salaires entre hommes et femmes en France reste élevé, à 23,5%. A temps de travail comparable, il se réduit néanmoins à 14% et descend à 4% à poste identique.

Faut-il voir le verre à moitié vide, ou à moitié plein? Bien qu'elles tendent à se réduire au fil des ans, les inégalités salariales entre hommes et femmes persistent en France. Les derniers chiffres publiés ce mardi par l'Insee en témoignent: en 2022, le revenu salarial des salariées du privé* était en moyenne de 19.980 euros annuels, contre 26.110 euros pour leurs homologues masculins.

Dit autrement, la rémunération des femmes est en moyenne inférieure de 23,5% à celle des hommes. Un écart qui demeure important mais qui a reculé de dix points depuis le début des années 2000, lorsqu'il s'établissait encore aux alentours de 34%. Soit une baisse moyenne de 0,5 point par an. A ce rythme, il faudrait donc attendre 2069 pour atteindre l'égalité salariale parfaite.

Lechypre du jour : Les inégalités femmes-hommes persistent-elles au niveau des salaires ? - 20/06
Lechypre du jour : Les inégalités femmes-hommes persistent-elles au niveau des salaires ? - 20/06
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Un écart de 14% à temps de travail comparable...

La persistance des inégalités salariales s'explique avant tout par la différence de volume de travail entre les femmes et les hommes, les premières étant moins souvent en emploi et plus fréquemment à temps partiel que les seconds. Le volume de travail annuel des femmes était ainsi inférieur de 10,1% en moyenne à celui des hommes en 2022.

Les inégalités salariales sont en revanche plus faibles à temps de travail égal, le salaire mensuel net en équivalent temps plein des femmes étant en moyenne de 2402 euros, contre 2794 euros pour les hommes. Soit un écart de 14%.

D'après l'Insee, c'est la "ségrégation professionnelle" qui explique l'essentiel de cet écart. En l'occurrence, le fait que les hommes et les femmes n'exercent pas les mêmes métiers et ne travaillent pas dans les mêmes entreprises ni les mêmes secteurs. Les femmes sont en effet surreprésentées dans certaines professions. Par exemple, près de 5% des salariées sont secrétaires, et 95,1% des secrétaires sont des femmes. Chez les hommes, c'est la profession de conducteur routier qui est la plus courante car exercée par 3,55% des salariés de sexe masculin. Ainsi, 97,2% des personnes exerçant cette profession sont des hommes.

Au final, "parmi les vingt professions les plus courantes pour chacun des genres, qui représentent 40% de l’emploi des femmes (secrétaires, employées administratives, nettoyeuses, etc.) et 30% de celui des hommes (conducteurs routiers, ingénieurs en informatique, conducteurs livreurs, etc.), seules quatre leur sont communes", observe l'institut de la statistique.

Les femmes sont également surreprésentées dans les bas salaires. Si elles occupent 41,8% des emplois dans le privé, elles constituent 54,6% de la population gagnant aux alentours de 1.340 euros nets par mois, soit environ le niveau du Smic fin 2022. A l'inverse, seuls 18% des 0,1% des salariés les mieux rémunérés sont des femmes.

... et de 4% à poste comparable

A poste comparable, c'est-à-dire à métier identique dans une même entreprise, les inégalités salariales se réduisent drastiquement puisque l'écart entre les salaires des femmes et celui des hommes n'est plus "que" de 4% en moyenne. C'est 0,3 point de moins qu'un an auparavant.

Mais "cet écart de salaire à poste équivalent ne peut s'interpréter comme une mesure de discrimination salariale" au sein d'une entreprise, précise l'Insee, rappelant que celui-ci peut s'expliquer par "l'expérience, l'ancienneté dans l'entreprise ou le diplôme".

Davantage de femmes cadres et moins de femmes à temps partiel

Si l'écart de revenu salarial entre hommes et femmes a été réduit de 10 points en vingt ans, c'est essentiellement pour deux raisons. D'abord, parce que la part des femmes parmi les cadres, en moyenne mieux rémunérés que les autres salariés, a nettement progressé, passant de 23% en 1995 à 37%.

Ensuite, parce que l'écart de volume de travail moyen entre les hommes et les femmes s'est réduit depuis 1999. Cela tient au fait qu'après avoir atteint un pic à plus de 33% en 1999, la part des femmes à temps partiel a reculé pour s'établir à 26,7% en 2022, selon la Dares, tandis que celle des hommes a légèrement augmenté, passant de 6,3 )à 7,5%.

Résultat, les revenus salariaux moyens des femmes dans le secteur privé ont augmenté plus vite (+10,4%) que ceux des hommes (+1,5%) en euros constants ces dix dernières années.

*Somme de tous les salaires perçus par un individu au cours d'une année donnée, nets de toutes cotisations sociales.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco