Salaires: les inégalités entre les hommes et les femmes persistent mais se réduisent

Désignée championne mondiale de l'égalité hommes-femmes dans les grandes entreprises par le baromètre Equileap, la France n'en a pas pour autant fini avec les inégalités de genre dans la sphère professionnelle. Selon l'Insee, tous temps de travail confondus, les femmes travaillant dans le privé percevaient en 2021 un salaire net inférieur de 24,4% en moyenne à celui des hommes: 18.630 euros annuels d'un côté (1552 euros par mois), 24.640 euros de l'autre (2053 euros par mois).
Cet écart s'explique en partie par les écarts de volume de travail alors que les femmes sont moins en emploi que les hommes et occupent davantage des emplois à temps partiel. Résultat, le volume de travail des femmes est inférieur de 10,6% à celui des hommes.
À temps de travail équivalent, les salaires des femmes inférieurs de 14,8% à celui des hommes
À temps de travail identique, les inégalités salariales se réduisent, les femmes, avec un salaire mensuel net moyen en équivalent temps plein (EQTP) de 2301 euros, gagnant 15,5% de moins que les hommes (2722 euros). Si l'on exclut les rémunérations que les salariés du privé multi-actifs tirent de leurs activités secondaires dans le public, l'écart de salaire en EQTP est de 14,8% (2292 euros, contre 2689 euros en moyenne).
Cette différence est bien plus importante entre les hommes et femmes du privé âgé(e)s de 60 ans ou plus (27,5%) que chez les moins de 25 ans (4,6%). De la même manière, le salaire mensuel net en EQTP des hommes cadres est 16,1% plus élevé que celui des femmes cadres, contre 4,7% entre les hommes et les femmes appartenant à la catégorie socioprofessionnelle des employés.
Les inégalités salariales à temps de travail identique tiennent au fait que "les femmes n'occupent pas le même type d'emploi, ne travaillent pas dans les mêmes secteurs que les hommes et accèdent moins aux postes les plus rémunérateurs", souligne l'Insee, qui parle de "ségrégation professionnelle".
Ainsi, les femmes sont sur-représentées dans certaines professions (secrétaires, employées de libre-service, aide-soignante...) et sous-représentées dans d'autres métiers (ingénieurs en informatique, conducteurs routiers...). Elles représentent par ailleurs 55% des bas salaires (autour de 1300 euros nets), un tiers des effectifs percevant au moins 4010 euros par mois et seulement 21,9% des 1% des salariés les mieux rémunérés (plus de 9602 euros).
C'est pour cette raison que l'Insee calcule également l'écart de salaires entre hommes et femmes à temps de travail et poste équivalents. En 2021, celui-ci s'élevait à 4,3%. Mais cet écart "ne peut s'interpréter comme une mesure de la discrimination salariale dans les entreprises, car il n'est pas corrigé de différences de caractéristiques comme l'expérience, l'ancienneté dans l'entreprise, le diplôme, qui peuvent l'affecter, à la hausse comme à la baisse", précise l'institut de la statistique.
Des inégalités qui se réduisent
Si les inégalités salariales persistent en France, l'écart tend à se réduire. Ainsi, les femmes percevaient un salaire net en EQTP inférieur de 22,1% à celui des hommes en 1995. Le recul observé ces dernières années est lié à "la part des femmes parmi les cadres, en moyenne mieux rémunérés que les autres salariés", qui a augmenté, passant de 23% en 1995 à 37% en 2021 dans le privé.
En outre, le volume de travail moyen des femmes a progressé, si bien que l'écart avec les hommes a baissé, passant de 14,9% en 1995 à 10,6% aujourd'hui. "En tenant compte de ces deux composantes, la différence entre le revenu moyen des femmes et celui des hommes s'est stabilisée autour de 34% entre 1995 et 2000, avant d'amorcer une décrue régulière, de -0,5 point par an en moyenne, soit -10 points sur les vingt dernières années", conclut l'Insee.