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Allocation adulte handicapé: Emmanuel Macron promet de "bouger" sur sa déconjugalisation

Le président sortant a reconnu que la prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l'AAH créait "une situation aberrante pour les personnes en situation de handicap".

Emmanuel Macron a promis ce vendredi de "bouger" sur l'individualisation de l'allocation adulte handicapés - c'est-à-dire son calcul sans tenir compte des revenus du conjoint -, une évolution que son gouvernement et sa majorité ont rejetée plusieurs fois l'an dernier.

"On doit bouger sur ce point" sur ce sujet, a-t-il déclaré sur Franceinfo, en répondant à une jeune femme handicapée qui expliquait qu'elle allait perdre son allocation en se mariant et donc son indépendance financière.

Actuellement en France "quelles que soient les prestations, ce qui est assez juste c'est qu'on regarde la situation familiale et la capacité de contribuer du couple. Ce qui est vrai, c'est que cela crée une situation aberrante pour les personnes en situation de handicap. Donc on va le bouger", a-t-il dit sans autre détail. Il faut "avoir un revenu qui n'est pas conditionné et qui permette d'accompagner", sans "couperet" car "c'est absurde", a-t-il ajouté. "Faites le choix de l'amour", a répondu le président-candidat à la jeune femme qui lui expliquait qu'elle hésitait à se marier car elle perdrait son allocation et deviendrait "un boulet, dépendante physiquement et financièrement" de son mari.

"Nous restons prudents"

En octobre, la majorité avait rejeté l'individualisation de l'allocation adultes handicapés des personnes en couple, au terme d'un débat mouvementé, alors que de LR à LFI, l'opposition réclamait à l'unisson cette "déconjugalisation" de l'allocation, c'est-à-dire de la calculer sans tenir compte des revenus du conjoint.

LaRem jugeait cette mesure inéquitable car bénéficiant sans distinction aux modestes comme aux fortunés. "Nous assumons le fait de donner plus à ceux qui en ont vraiment besoin", avait fait valoir Sophie Cluzel, la secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées. Le collectif Handicaps, qui regroupe 51 associations, a salué vendredi l'annonce du candidat Macron, tout en préférant rester prudent dans l'attente de précisions sur les modalités concrètes de cette évolution.

"Deux ans d'opposition du gouvernement, contre l'ensemble des partis politiques", puis "une ouverture à 10 jours du 2e tour": "on aimerait y croire. Mais une réponse plus claire de @EmmanuelMacron (...) aurait été intéressante", a commenté sur Twitter le collectif. "La bonne nouvelle, c'est que le président semble ne plus être bloqué sur cette question", a dit Stéphane Lenoir, coordinateur du collectif. "Mais nous restons prudents, car son annonce est très vague", a-t-il ajouté.

Ce sujet avait suscité une séance houleuse dans l'hémicycle fin juin, après le rejet d'une proposition du LR Aurélien Pradié. Créée en 1975, l'AAH est destinée à compenser l'incapacité de travailler. D'un montant maximal de 904 euros mensuels, elle est versée sur critères médicaux et sociaux. Elle compte aujourd'hui plus de 1,2 million de bénéficiaires, dont 270.000 en couple, pour une dépense annuelle d'environ 11 milliards d'euros.

L'an dernier, 22 organisations et associations, dont APF France Handicap, avaient appelé Emmanuel Macron à "une réforme historique", pour "considérer cette allocation avant tout comme un revenu individuel d'existence". La déconjugalisation de l'AAH représenterait environ 600 millions d'euros, selon une parlementaire de la majorité.

P.L. avec AFP