SNCF: pourquoi les élections professionnelles pourraient s’avérer cruciales

Les effets du bras de fer mené au printemps par les syndicats contre le gouvernement pourraient se faire sentir. - Gerard Julien - AFP
Quel sera le nouveau rapport de force entre la direction de la SNCF et les syndicats de la compagnie? C’est tout l’enjeu des élections professionnelles qui ont débuté ce vendredi, pour s’achever le 22 décembre.
Quelque 150.000 cheminots sont ainsi appelés à voter de manière électronique. Charge à eux d’élire les Comités sociaux et économiques (CSE), nouvelle instance représentative créée par les ordonnances de 2017 et fusionnant le comité d’entreprise, les délégués du personnel et le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).
Maintien de la majorité pour les syndicats "contestataires"?
Tous les syndicats semblent d’accord pour estimer que cette nouvelle formule affaiblit leur poids dans l’entreprise, puisque le nombre de représentants passera de 6250 à 864. Pour le reste, chaque organisation tentera d’accroître son influence. Les dernières élections, en 2015, avaient placé la CGT en tête avec 34,3% des voix, devant l’Unsa (23,9%), SUD (16,8% et la CFDT (15,2%). Ce qui donnait aux syndicats dits contestataires (CGT et SUD-Rail) un léger avantage sur les réformistes (Unsa et CFDT). Mais surtout une capacité de signer à eux deux les accords, ou de les bloquer.
Le maintien de cette hiérarchie est au cœur du scrutin. "Si les syndicats contestataires sont majoritaires, ils peuvent potentiellement bloquer l’application d’accords d’entreprise. C’est donc un enjeu très important", décrypte Gilles Dansart, journaliste et directeur de Mobilettre. "A l’inverse, s’ils passent en dessous des 50%, cela ouvre la voie à une opposition moins systématique".
La participation, l'autre inconnue
"L’enjeu est considérable", abonde Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail et spécialiste des syndicats. Car au-delà des accords d’entreprise, qui dépendront du rapport de force entre les organisations, "la question sera de savoir si la CGT conserve l’un de ses plus gros bastions". Avec seulement 51,1% obtenus en 2015, la CGT-Cheminots et Sud-Rail ne possèdent à eux deux qu’une très faible marge de manoeuvre.
Autre inconnue: Force Ouvrière qui, malgré ses difficultés actuelles, pourrait jouer les arbitres en cas de score supérieur à 10% (9,15% en 2015).
Reste à savoir qui profitera in fine du long bras de fer du printemps - perdu par les syndicats - contre le gouvernement et son projet de réforme ferroviaire. Les cheminots soutiendront-ils l’intransigeance de la CGT, ou le pragmatisme de l’Unsa? La détermination de SUD ou le réalisme de la CFDT? Aucune tendance claire ne se dégage jusqu'à présent, rendant le vote un peu plus indécis.
Enfin, la participation au scrutin sera particulièrement observée. En 2015, 68% des cheminots s’étaient déplacés pour aller voter. Ce vendredi, sur RTL, le patron de la SNCF Guillaume Pepy n’a pas caché que cela constituait "l’enjeu" de l’élection. Le fait qu’une forte participation "profite généralement aux réformistes", selon Bernard Vivier, n’y est sans doute pas étranger.