"Si on abroge la réforme des retraites, on part en vrille": le patron du Medef juge les députés "désolants"

Alors que les députés LFI et RN se disputent sur la marche à suivre pour abroger la réforme des retraites de 2023, le patron du Medef a jugé mardi matin, sur BFMTV-RMC, "assez angoissant et désolant" ce qu'il a observé en commission des finances ces derniers jours.
"C'est le concours Lépine de la créativité fiscale, déplore Patrick Martin. J'invite les parlementaires à voir ce que leurs décisions inapropriées ont pu provoquer de grave dans la filière automobile ou dans la filière construction."
Si l'instabilité fiscale a poussé de nombreuses entreprises à "mettre leurs investissements sur pause", c'est la question de l'abrogation éventuelle de la réforme des retraites qui inquiète le patron des patrons.
"Je le vis très mal, confie Patrick Martin. [...] Ne nous racontons pas d'histoire si on abroge cette réforme des retraites, on part alors carrément en vrille alors que la conjoncture économique est déjà très fragile."
Alors que les retraites représentent le premier poste de dépenses publiques de l'Etat, revenir à l'âge légal de 62 ans aggraverait le déficit public de 3,4 milliards d'euros dès 2025 et de 16 milliards en 2032, selon l'Assurance retraite.
"Les retraites sont le problème de fond"
"Le problème de fond de l'économie française et des finances publiques par voie de conséquences ce sont les retraites, rappelle le patron du Medef. On paie beaucoup plus en France que dans n'importe quel autre pays, 14% du PIB, et on accumule des déficits chroniques. Mais au-delà de ça, il faut qu'on travaille plus et il y a beaucoup de seniors qui souhaitent travailler d'ailleurs."
"Si on revient sur cette réforme ce sera terrible pour la performance économique de ce pays mais aussi pour les marchés financiers."
Patrick Martin est d'ailleurs satisfait du report des revalorisations des retraites au 1er juillet prochain qui va permettre de faire 4 milliards d'euros d'économie. "Je suis très à l'aise pour en parler car qui a défendu les retraites complémentaires l'année dernière? C'est moi, c'est le Medef alors que l'Etat voulait prélever les excédents de l'Agirc-Arrco", rappelle Patrick Martin.
C'est dans ce contexte que les partenaires sociaux se réunissent ce mardi 22 octobre pour travailler ensemble sur les fins de carrière et l'amélioration du taux d'emploi des seniors. Plusieurs sujets sont sur la table et du côté du Medef on se montre confiant sur l'issue des discussions.
"On va avancer sur les retraites progressives qui est une vraie solution, (…) il y a le CDI senior qu'on a rebaptisé parce que ça heurtait certains, énumère Patrick Martin. Tout ça est de nature à augmenter le taux d'emploi des 60-64 ans, c'est là où la France est profondément défaillante par rapport aux autres pays pour la bonne raison qu'on avait un âge de départ en retraite qui était plus tôt que les autres pays."
