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Pourquoi les crématoriums ne remettent pas les dents en or et les prothèses aux familles des défunts

Le crématorium du Père Lachaise est déjà complet

Le crématorium du Père Lachaise est déjà complet - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Le magazine 60 millions de consommateurs épingle les crématoriums qui revendent les matériaux précieux récupérés sur les défunts plutôt que de les restituer aux familles. La loi ne dit rien en la matière.

C'est un recyclage morbide qu'épingle le magazine 60 Millions de consommateurs dans son dernier numéro consacré au business de la mort. Celui des matériaux précieux récupérés sur les défunts après leur incinération. Prothèses, stérilets, pacemakers et surtout dents en or... Autant de reliquats qui ne brûlent pas lors de la crémation et qui sont revendus par les crématoriums à des entreprises de recyclage, déplore le magazine.

L'ensemble de ces résidus est filtré par ces sociétés de recyclage qui en retirent des métaux divers comme du titane, du cobalt, de l'aluminium, du cuivre, du platine et de l'or. Ces métaux sont ensuite revendus à l'industrie, généralement automobile ou aéronautique. Les entreprises de recyclage évitent de les revendre à l'industrie des prothèses médicales.

"C’est une pratique qu’on peut estimer vertueuse car du coup ces métaux sont recyclés sauf que les familles des proches et endeuillées ne sont pas au courant de cela", regrettait cette semaine Christelle Pangrazzi, sur le plateau de RTL

Selon le magazine, les intermédiaires récupéreraient 20% du montant de la revente des matériaux, le reste revenant aux crématoriums. Deux sociétés se partage ce business. Il s'agit de la française EMC et de la néerlandaise OrthoMetals. La société française estime à 500.000 à 700.000 euros les 10 à 12 tonnes de métaux qu'elle récupère chaque année. OrthoMetals de son côté qui se présente comme le leader mondial de ce marché, récupère une cinquantaine de tonnes de métaux par an et travaille avec 180 crématoriums en France. 

Des fondations récupèrent l'argent pour des associations

Cette pratique qui peut choquer est-elle pour autant hors-la-loi? A priori non puisque la loi ne prévoit rien en la matière. Ces résidus sont considérés comme des déchets et sont ainsi théoriquement régis par le code de l'environnement. Ils ne peuvent pas être enfouis pour ne pas polluer les sols. Mais rien n'empêche pour autant de les remettre aux familles des défunts. Les problèmes, assurent les sociétés de crématorium, c'est que la question est difficile à aborder avec les familles des défunts.

Pour autant, tout ne va pas dans la poche des crématoriums. Ces dernières années, des fondations ont ainsi été créées pour récupérer l'argent de cette revente et le remettre à des associations caritatives. Le service funéraire de la ville de Paris qui gère les crématoriums du Père Lachaise et de Champigny-sur-Marne ont ainsi créé une fondation placée sous l’égide de la Fondation de France qui remet chaque années plusieurs dizaines de milliers d'euros à des associations. Des pratiques qui manquent cependant de transparence reconnaît la Confédération des Professionnels du Funéraire qui se dit favorable à une remise des reliquats aux familles qui en font la demande.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco