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Transferts d'argent à l'étranger: la baisse des frais n'a pas eu lieu

L'agence Western Union d'Aubervilliers

L'agence Western Union d'Aubervilliers - Capture d'écran

Entre 2010 et 2020, les personnes qui vivent en France et qui ont envoyé de l'argent à l'étranger pour soutenir leurs proches ont payé près de 11 milliards d'euros de frais d'envoi.

La France fait partie des pays qui réalisent le plus de transferts d'argent en Europe. Il s'agit la plupart du temps de soutenir financièrement ses proches à l'étranger et dans dans un cas sur sept, ces transferts sont la seule source de revenus des bénéficiaires. Et avec la crise liée au covid, ces besoins sont de plus en plus importants.

Or, ces transferts d'argent ont un coût non négligeable en frais. Entre 2010 et 2020, ces frais se sont élevés à près de 11 milliards d'euros pour les envois depuis la France. Un montant considérable (observé dans d'autres pays européens) qui a incité les Nations Unies à fixer un objectif de baisse de 3% de ces coûts de transfert d'ici 2030.

Mais selon une étude réalisée par l’institut Censuswide pour Wise, ces frais ne baissent pas. "En moyenne, chaque transfert effectué en 2020 leur a coûté 6,3% du montant total transféré (selon les données de la Banque mondiale). Alors que les objectifs de développement durable de l'ONU stipulent que les frais d’envoi doivent diminuer pour n’atteindre que 3% du paiement d'ici 2030, l’étude montre que ce pourcentage ne sera pas atteint en France en 2030, même selon les prévisions les plus optimistes", peut-on lire.

Des frais moyens de plus de 6%

Et de poursuivre: "selon les prévisions des analystes, les frais d'envoi de fonds français seront de 660 millions d'euros, pour cette année seulement. Si la France avait atteint l’objectif de 3%, les Français auraient pu économiser 337 millions d’euros cette année".

"Trop d'argent est perdu en cours de route, et ce malgré les progrès technologiques récents des fintechs et vraisemblablement une concurrence accrue sur le marché. Au rythme actuel, la plupart des pays, dont la France, ne sont même pas proches d'atteindre l'objectif de développement durable des Nations unies. En fin de compte, les habitants des pays en développement ainsi que leurs familles sont ceux qui en porteront le fardeau. Il est donc urgent que cette préoccupation soit aujourd’hui davantage prise en compte", commente Sandra Sequeira, professeure agrégée en économie du développement à la London School of Economics (LSE).

Outre la hauteur de ces frais, le flou qui entoure leur calcul est également dénoncé. "Non seulement ces paiements internationaux sont surévalués, mais plus grave encore, on ne sait pas du tout quels sont les coûts pour chaque personne. Notre étude montre que la majorité des gens sous-estiment les coûts des transferts d'argent à l'étranger, donnant une estimation moyenne de 4,3%, alors que le coût réel est plus proche de 6,3%”, explique Arun Tharmarajah, responsable Europe chez Wise.

Le service réclame donc que les gouvernements obligent les spécialistes du transfert de fonds à afficher le coût total d’un transfert en avance, à ne pas gonfler le taux de change, à utiliser toujours le taux de change moyen du marché et à soumettre les paiements en cash aux mêmes règles.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business