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"Je n'ai pas vu ça dans nos propositions... Ce n'est pas dans le plan": le gouvernement s'est-il un peu trop avancé sur la monétisation de la 5ème semaine de congés?

Le ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Éric Lombard le 15 juillet 2025 à Paris lors de la présentation de la feuille de route budgétaire pour l'année 2026 en France.

Le ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Éric Lombard le 15 juillet 2025 à Paris lors de la présentation de la feuille de route budgétaire pour l'année 2026 en France. - THOMAS SAMSON / AFP

Alors que l'idée de monétiser la cinquième semaine de congés payés est sous le feu des critiques, le ministre de l'Économie et des Finances semble découvrir cette mesure, précisant qu'elle ne fait pas officiellement partie du plan de redressement des finances publiques dévoilé par le Premier ministre François Bayrou.

La ministre du Travail et de l'Emploi en aurait-elle trop dit sur les intentions du gouvernement? Depuis la présentation du plan de redressement des finances publiques de François Bayrou mardi 15 juillet, un certain nombre de mesures ont déchaîné les critiques de toutes parts.

Comme l'année blanche quasiment généralisée à tous les budgets des ministères - hors Défense - mais aussi cette idée, suggérée par Astrid Panosyan-Bouvet, de monétiser la cinquième semaine de congés payés.

Questionné sur ce point ce jeudi 17 juillet en fin de matinée, le ministre de l'Economie et des Finances, Éric Lombard, a semblé découvrir cette mesure: "Je n'ai pas vu ça dans nos propositions... Ce n'est pas dans le plan", a-t-il déclaré à l'issue de la visite d'une entreprise en Moselle. Réinterrogé à ce sujet un peu plus tard, le locataire de Bercy a invité syndicats et patronat à négocier sur les mesures permettant de travailler davantage.

"On a un sujet général dans notre pays, c'est de produire plus. En réalité, si on se compare, on a une production par personne moindre que dans les autres pays, notamment de l'Union européenne, alors que notre système social coûte aussi cher. Il n'est pas question de rogner sur notre système de protection sociale. Donc il faut qu'on travaille plus. Toutes ces questions doivent faire l'objet d'un dialogue avec les partenaires sociaux", a-t-il déclaré.

Si l'on s'en tient à la synthèse des mesures annoncées par le chef du gouvernement mardi, il n'est effectivement fait aucune mention d'une quelconque monétisation de la cinquième semaine de congés payés. Pour autant, François Bayrou a bien annoncé ce même jour qu'il allait proposer aux partenaires sociaux d'ouvrir des négociations sur l'assurance chômage et sur le droit du travail, afin notamment de "faciliter les recrutements" et "augmenter les offres d'emploi".

C'est dans la foulée de ces annonces que la ministre du Travail et de l'Emploi a évoqué, lors de cette même conférence de presse, que "la possibilité de monétiser la cinquième semaine de congés payés" ferait partie des pistes qui allaient être mises sur la table.

"Musée des horreurs"

Il n'empêche que le mal semble déjà être fait. Cette proposition a hérissé les poils des syndicats, si bien que la leader de la CFDT, Marylise Léon, a considéré, ce jeudi matin sur France Inter, que monétiser la cinquième semaine de congés payés fait partie "du musée des horreurs" des idées du gouvernement. De son côté, le ministre de l'Economie Eric Lombard a renvoyé au "dialogue" avec les partenaires sociaux sur cette piste.

Les négociations s'annoncent d'ores et déjà houleuses: "Aujourd'hui, le sujet numéro un, c'est la question effectivement du pouvoir d'achat, mais ce n'est pas aux salariés eux-mêmes de se payer un peu plus de marge de manoeuvre pour boucler les fins de mois en rognant sur leurs congés", a-t-elle insisté la cheffe de file de la CFDT.

Caroline Robin avec AFP